LETTRES DE MON VOYAGE IMMOBILE

 

Titre provisoire
Présentation provisoire
Poèmes provisoires

 

 

 

QUELQUE PART


En Alaska le soleil brille, dans les films, dans les chansons, dans le jardin préservé de ma mère
Il brille sur les chewing-gums incrustés dans le bitume, il brille aussi sur les vaguelettes
De la Seine, sur les plumes des mouettes posées à la pointe de l'île Saint-Louis il brille
Derrière chez moi le soleil sur ma fenêtre et sur mon balcon, parfois même
Il atteint les pavés de ma cour intérieure, il brille sur moi quand je suis au travail
Sur mes doigts quand je tape des lettres, sur le visage du clochard
Sur les lunettes de l'aveugle, et sur celle que j'aime il lui arrive de briller
Sur les bateaux accostés, sur le cigare de mon père allongé
Quelque part sur une plage à Cuba, il brille sur les grands ormes de Sibérie,
Au Pérou, au Japon, sur la Lune et paraît-il, jusque sur Pluton il brille
Mais pas en moi

 

 

SOLD OUT

 

Je tenais la souris entre mes mains
J'écartais légèrement mes paumes
Et mon pouce
Pour laisser passer sa petite frimousse dehors
Elle remuait des narines et des moustaches
Reniflait l'air ambiant. Je la sentais
Elle poussait avec ses pattes arrières
Je la retenais
Je la sentais encore un peu dans mes mains
Je fermais les yeux et collait mon oreille
Pour écouter le bruit qu'elle y faisait entre mes doigts serrés
Sa prison à elle pour quelques minutes encore
Je me disais tout est fini
Tout est fini
Puis je m'allongeais à plat ventre
Les coudes sur le tapis j'écartais légèrement les mains
Elle ne bougeait plus au moment où la lumière de la liberté frayait son chemin
Jusqu'à ses yeux frémissants
Une fois l'espace suffisant elle se précipita
En un éclair j'eu à peine le temps
À peine le temps de la regarder prendre la poudre d'escampette sous la bibliothèque
Parmi les moutons de poussière elle disparu
Sans au-revoir ni merci
Vers où, on ne sait pas
La petite souris est partie.