JOURNAL
ICI JE SUIS LIBRE De choses et d'autres. |
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Nouvelle page du journal pour une nouvelle saison qui se lève.
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Dimanche 15 Avril 2007, la nuit
Je crois que je viens de passer un des dimanches les plus intenses de ma vie. Pour le moment, les pensées sont trop bouleversées dans ma tête pour que je puisse y mettre de l'ordre. C'est encore trop frais, trop neuf. Je n'ai envie ni de l'expliquer, ni de changer en mots ce qui, finalement, n'a ni besoin de descriptions ni de mots, pour être en moi. C'est le jour où je l'ai rencontrée en vrai, Elle. C'est le jour aussi, le même jour, où j'ai vu Lisa chanter... Sacrifice, the host of Seraphim, hymn for the fallen, space weaver, entre autres.
Une moitié de bonheur, une moitié d'un très grand sentiment de manque aussi, dont je reconnais facilement la cause.
Dimanche 15 Avril 2007 est à marquer d'une pierre lumineuse, inaltérable.
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L'écriture ou la Vie ? Les deux.
Jeudi 12 Avril 2007, deux heures et vingt-cinq minutes du matin
Certains soir les amis sont plus que des amis. Oh évidemment, ils n'étaient pas bien loin. Mais nous, par contre, nous n'étions pas la porte à côté. Je veux dire, nous étions dans cette sorte d'obscur brouillard qui faisait que nous ne savions plus vraiment sur quel pied il fallait danser. Je ne sais pas si je me fais comprendre ? Je veux dire... Ces sortes de périodes bizarres pendant lesquelles l'habitude, cet opium délivré par le temps, à notre insu, fait se fondre les jours les uns dans les autres, sans qu'aucune couleur distincte ne vienne les séparer, les individualiser. Ces jours qui se ressemblent et qui nous font dire, la Terre qui tourne autour du Soleil est un manège, le même qu'hier, lent, hypnotique. L'air que je respire est le même, peu de choses changent.
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Jeudi 29 mars 2007, vingt-deux heures et vingt-quatre minutes
Bâtir sur le coeur
Le temps est calme. La légèreté prend le pas sur l'ancienne pesanteur de mes jours. Il me semble que je suis confiant, aujourd'hui. Nulle détresse à l'horizon, aucun océan noir. Cela remue doucement, en moi. Cela se réveille comme après un long sommeil. D'où vient donc cette nouvelle résurgence ? Peut-être les prémices d'une chute prochaine, le signe d'une perdition à venir ? Sans doute cet état ne durera guerre. Je l'ai peu connu, dans ma vie. Je ne l'avais pas connu depuis des lustres, cet état de confiance général. Cette envie de sourire et d'aider les autres. je me rends compte que je suis bien plus en mesure d'aider les autres que je ne l'aurais crû, après avoir réglé une bonne part de mes propres problèmes. Du reste, d'infinies émotions montent en moi, que j'ai, pour le moment, du mal à mettre en ordre, en mots. Ils ne viennent pas. Ils semblent s'entasser en trop grand nombre sur le pas de ma bouche. Cela s'encombre, ne sort pas. Comme un paquet de sable encore humide qu'on aurait amassé dans un entonnoir qui se bouche, il n'en sort que de rares grains, qui ne scintillent pas encore.... Le temps... Laisser faire le temps, lui donner sa chance. Sans doute, une transition a eu lieu dernièrement qui est sur le point de se terminer. Les envies se bousculent au portillon... envie de créations, de renouvellements, envie de changer d'état d'esprit, de manière de penser et de voir le monde.
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Souvenirs ;)
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Mardi 20 Mars 2007, minuit vingt-sept
Je prends conscience de certaines choses que d'aucun ignorerait sans doute. Parfois, je vois des trésors et des reflets partout aux alentours. Jusque dans les derniers détails, toute la richesse, la luxuriance d'un rayon de soleil ricochant sur la peau. Je vois des trésors là où d'autres ne semblent pas prêter la moindre attention.
«La philosophie antique nous apprenait à accepter notre mort. La philosophie moderne, la mort des autres.»
"On ne voit bien qu'avec le coeur" Songer à son bonheur. Songer aux miracles parsemés sous chacune des secondes. À la joie de vivre méritante, aux empreintes des étoiles sur les voûtes encrières. Ne rien attendre. Laisser faire. Faire confiance et suivre cette route tracée devant nous par le coeur, ce sentier ouvert dans la nuit marine. Ne rien refermer. Laisser aller. Laisser revenir. Sérénité.
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Mardi 13 Mars 2007, vingt-et-une heure et cinquante cinq minutes
Densification
"Connais-toi toi-même"
Maintenir le crépitement, maintenir l'émerveillement... La musique Je peux regarder en arrière et dire, sans le moindre doute : j'ai su maintenir les feux sacrés. J'ai tenu debout les totems, les colonnes. Et les nuées de corneilles passent toujours. On me dit parfois que je suis dans mon rêve. Oui... Et je le resterai jusqu'à la fin. Je sais ce qu'est la lucidité, la perte de l'illusion. Quitte à vivre dans un désert, je préférais vivre dans un désert qui contiendrait au moins un mirage d'oasis. Un rêveur n'est pas un ignorant. Je pense même le contraire. J'ai maintenu l'ardeur, la musique, dans tout. Non pas que mes élévations soient aussi puissantes et verticales qu'auparavant, elles ont dû s'émousser sans doute. Mais elles sont toujours. Elles seront toujours. Il y a certaines choses encore qui sont à moi et à moi seul . J'aime tracer dans le sable un dessin qui sera effacé par le vent, le lendemain. J'aime, après avoir plongé une main dans l'eau, voir le liquide recouvrir en un instant mon absence. Je suis un homme qui attend et qui n'a pas peur de la mort. Je suis quelqu'un qui connaît la valeur des plaisirs de la vie, je sais ce que c'est que le manque, l'ivresse de la douleur. Je suis heureux maintenant. Et ma philosophie tend vers cette idée, à savoir vivre tout en gardant à l'esprit cette chance d'être en vie . Voilà peut-être un des secrets de la vie, de la vie adulte. Vivre en regardant dans les yeux le cadavre de l'enfance porté au fond de soi. La cadavre de l'idéal. Vivre tout de même. Aux démystificateurs, je dirais que les élans ne sont pas de simples explosions de l'égo où des épanchements du surplus de libido. C'est un sens supplémentaire accolé à mon coeur, qui me permet de voir un peu plus loin. Regarder le monde et les choses de l'extérieur, comme on observe les mouvements de la rue à travers une fenêtre. Je suis infiniment reconnaissant pour chaque minute de vie qui m'est accordée ici-bas, maintenant. Je ne sais pas ce qui m'attend. Je n'attends rien. Je vis au jour le jour. Il ne me semble pas que je poursuis un grand but, ou alors, ce but lui-même dirige mes pas à mon insu, le long de cette ligne conductrice invisible à mes pupilles.
"Connais-toi toi-même"
Et je peux maintenant regarder en moi, sans gêne et sans évasions. Je peux regarder les ruines tout autant que les luxuriances. Je peux m'affronter tel que je suis, dans ma totalité, sans être écrasé, et sans tourner le regard loin de ce que je ne voudrais pas voir. Sans me mentir à moi-même. Combien nous mentons-nous à nous-même sans nous en apercevoir ! Pour sauvegarder notre fierté, et d'autres idioties. Je suis en possession de moi-même et, preuve peut-être que je le suis, je peux en rire, énormément. Plus le temps avance, et plus je me rends compte que je ne me suis pas trompé. Plus je me rends compte que mes sacrifices n'étaient pas une erreur. Je commence, seulement maintenant, à récolter les fruits qui me semblent sans nombre. Sans doute pas infinis. Sans doute, et certainement, je l'espère, la douleur me donnera encore des leçons. Car, si ma peine est toujours immense, elle est devenue mon amie, ma confidente. Les doutes, les désespoirs sont des soutiens, des dons, des forces.
J'aperçois des sourires au fond de la nuit.
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Dans cent ans, dans mille ans, quand nous ne seront plus
Si, au printemps promis, l'aurore fatiguée Si l'horloge brisée ne t'indique plus l'heure
Tristesse remplissait le vers...
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J'ai une sorte de règle que je me suis fixé à moi-même, à savoir si un
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C'est vrai qu'il y a quelques phrases un peu désuètes comme "sous les lèvres des amants", mais je dois avouer que j'ai un certain goût pour ce genre de choses, parsemées avec la main légère, surtout si elles sont cernées d'abstractions qui évitent que le texte ne soit totalement noyé sous le cliché. Le premier jet est toujours (ou presque) mauvais. C'est pourquoi quand j'écris je fais tout pour ne pas me laisser aller à l'inspiration primitive, je la fais passer avant par le filtre du raisonnement et par le "filtre du coeur" pour lui donner un sens, peser le pour et le contre à chaque mot. L'intuition va à la facilité, c'est la matière première mais ce n'est en aucun cas le produit fini. Enfin, pour moi en tous les cas. Je préfère dire non aux premiers mots qui me viennent à l'esprit, dire non à la muse jusqu'à ce que celle-ci me propose quelque chose qui s'emboîte parfaitement et qui sorte de l'habitude, du "tout-fait" de l'inspiration.
"Avant de remettre le couvert avant que l'étranger n'intervienne" Une chose qui me gênait par contre, mais que personne ne semble remarquer (à la lecture ça ne doit pas sauter aux yeux), c'est la répétition de l'idée que le temps s'arrête, à la fin : "Jusqu'à ce que tu l'arrêtes dans sa course" Ça pourrait être presque considéré comme une faute de langage, c'est limite et je ne sais vraiment pas si je devrais le changer. J'ai failli mettre "Jusqu'à ce que tu l'interpelles dans sa course" ou "jusqu'à ce que tu le tires hors de sa course" J'ai remarqué que tu préferais les passages plus abstraits (d'ailleurs tes écrits sont tissés d'abstractions — mais attention je distingue l'abstraction de l'hermétisme) et moins les lignes plus concrètes voire ordinaires.
Parfois je me dis qu'il y a tout un tas de gribouilleurs qui suivent quantité de recettes et d'idées reçues, par exemple "Il faut éviter les clichés", "il faut se renouveler", "il ne faut pas être trop classique", "il s'agit de faire dans l'original", "se démarquer", etc.
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Lundi 5 Février 2007, minuit et une minute
Je passe rue Regrattier, je longe la rue Saint-Louis en l'île Je me dis que donnerait-il Alors je me dis qu'elle chance j'ai d'être en vie
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Il y a tout un monde de reliefs, de crevasses, de rebondissements, de lignes et d'ondulations dans un drap froissé, alors qu'un drap tendu, parfaitement plat et repassé est ennuyeux à mourir je trouve, on s'y couche mais il ne nous est pas familier, il est trop idéal, froid, on ose à peine le toucher tellement il réflète une perfection qui n'est pas en nous et ne nous appartient pas, alors que les défauts, les cassures, elles, nous appartiennent et sont familières. Cela participe aussi au souvenir qu'on se fait d'un poème, alors qu'un parfait parfaitement ficelé n'est pas marquant, il est lisse et glisse sur la mémoire, comme un visage sans défauts. Un poème avec ses imperfections, ses bizarreries, sera beaucoup plus marquant. En le relisant un jour on retrouvera les anomalies et on se dira "ah tiens, je me souviens de ce poème, avec ce défaut et le mot rêvasseuse qui sonne bizarrement dans le poème". Le tout est de ne pas laisser indifférent je trouve.
attention je ne dis pas que le beau met complètement mal à l'aise. Pense aux plus grandes émotions que tu as connu, celles qui t'ont le plus marqué et je pense que tu verras ce que je veux dire, il y a dans toutes une certaine anxieté, un trouble, et c'est justement grâce à ce trouble là qu'on s'en souvient. Après tout, qu'est ce qu'une émotion, sinon une peur sublimée ?
Se faire un nom parmi les oubliés, voilà un bel objectif.
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Radicalité
Je crois malgré tout que konsstrukt reflète quelque chose de notre époque. Ce qui n'est pas rien, quand on voit la quantité d'auteurs qui reflètent un vieux reflet, lui-même un vieux reflet d'un résidus d'écriture surréalistico-hermético-lugubriesque-capharnaümiomou-pompiousophage et c'est en cela que j'apprécie son travail. (lui-même se fouterait de ma gueule en lisant ce que je dis de lui, mais bon) Il a sa manière de faire... on ne peut pas lui reprocher d'avoir un mauvais style, puisque (je crois), il a rejeté tout style ou, ce qui revient au même, il est incapable d'avoir un style. Et puis, il y a, tout au fond de ce qu'il fait, un profond foutage de gueule de tout, de l'existence en premier lieu, un mélange de nihilisme et de grandes bouffées de rires entre les lignes, qui passe de long en large derrière son travail.
Entre ce que fait konsstrukt et la télévision en général (pour la citer en bel exemple), je ne vois pas la différence entre ces deux merdes, sinon que l'une nous est présentée telle quelle, et que l'autre nous est offerte avec un beau papier cadeau autour, et du parfum horriblement fort et asphyxiant pour masquer l'odeur. Des gens comme konsstrukt, c'est que la société de consommation mérite, c'est le boomerang qu'elle a elle-même crée qui lui revient dans la gueule. D'ailleurs en lisant konsstrukt, si on éprouve un sentiment de rejet, ce n'est pas lui ni son travail qu'on rejette, c'est une part de nous-même et de notre environnement qu'on repousse comme des lâches, des lubies-istes, des poulets joyeux jetés dans le four de la consommation, des autistes aliénés qui font comme si de rien n'était. À l'abri dans le confort du cocon, des anti-biotiques et de l'amour-propre. Et qui iront crever sans avoir été libre et lucide réellement ne serait-ce qu'une seule seconde.
Il y a deux façon de faire de l'art, prendre la boue et en faire de l'or, ou prendre cette même boue et la déverser telle quelle. Ce sont deux radicalités. Et tout ce qui n'est pas radical ne vaut pas une fibre de poireau.
Que les irréguliers s'expriment.
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Toi qui passes sous silence
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Il y en a eu des Bowies de l'écriture sur le net, mais ça ne va pas loin, ça ne mène nulle part. Ils finissent par faire des animations flash ou autre. Ma philosophie est celle-ci, m'amuser, il n'y a rien d'autre à attendre de l'internet. Mais c'est déjà immense, c'est déjà presque tout. M'amuser prétentieusement à rendre les autres auteurs illisibles (comme dirait un autre...).
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Face à la pesanteur de l'époque, la légèreté devient une arme.
C'est aérien. C'est léger comme un conte pour enfants, mais il y a ce petit quelque chose en plus qui le distingue d'un conte ordinaire. Ça frôle la futilité sans y tomber vraiment. C'est un jeu d'équilibre bien maîtrisé. Sans tourmentes.
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Prenez une sorte de rythme Si on comprend rien, c'est pas grave, c'est de la poésie. Dans la nuit l'imagination a vite fait de voir mille génies. Préférez le mystère. Tritouillez tout ça savamment Surtout, évitez le piège du sens. Si, après sa lecture, le lecteur serait capable de dire de quoi parle ce qu'il vient de lire, c'est très mauvais signe. On doit se faire chier, oui, mais en poésie. Faîtes dans le beau (sauf si une pincée de laideur passe à la mode). Dans l'abstraction, dans la spontanéité. Un peu d'automatisme mais pas trop. Vous obtiendrez la poésie vendange 2007
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Il est de ces soirs magnifiques où un semblant de tendresse, diffusée par l'empreinte magique, laisse voir ses constellations scintillantes par les conduites de climatisation, lorsque même les bagatelles paraissent ineffables, quand on croise un autre mirage à la pointe d'une nuit séparée de la monotonie. On croit apercevoir un nouveau jour, on se dit, la suite de ma vie ne sera plus pareille. J'ai passé le cap, j'ai creusé mon terrier pour sortir de la prison. Alors un premier rayon se laisse apercevoir, les heures du tourment s'éloignent derrière-soi d'elles-même, on se dit voilà le résultat de mille minutes stupides, je suis libre, libre. Libre de tout, de rien, de prendre un peu de cette lumière et de la mettre en moi, de ramasser la musique mourante et de la ranimer pour qu'elle joue pour moi, pour mon bon plaisir. Faculté de la vie à se renouveler sans cesse. Faculté de se réinventer autrement.
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Lundi 15 janvier 2007, vingt-trois heures
I got the spirit loose the feeling Elle est là assise, un coude sur la table de nuit, à rêver d'on ne sait quoi, la chevelure tombant en cascades par-devant son visage blanc. Elle est là qui fait danser ma vie sans trop le savoir, sans trop le vouloir avec ses bruits de coeurs et puis sa respiration qui se retient de ne pas chuter trop lourd sur les lames du parquet, et réveiller les voisins. Elle tâte la flamme avec ses doigts, voir si ce n'est pas trop brûlant, avec le vernis magenta de ses ongles caressant le bas de la mèche, à la naissance, là où le feu est bleu et moins chaud encore. Voilà qu'elle passe la main dans ses cheveux pour replacer la mer dans le sens de la marée, éloigner les boucles du crépitement, elle pense, elle attend que les choses chavirent. Des morceaux de cire sous les griffes qu'elle nettoie, avec sa félinité, nous mourrons tous un jour, lance-t-elle intérieurement dans le puits sans fond de son esprit enseveli et qui va ricocher sans fin pour, peut-être, reparaître là-bas, à l'opposé de son monde. Cette pensée donne à la flamme une nouvelle jeunesse, une certaine réalité qu'elle n'avait pas avant. Peindre une vie tout entière en nouant des lignes de phrases autour des virgules, ces hameçons pour attraper deux ou trois paradis ça et là. D'une fenêtre à l'autre les gens passent sans se remarquer les uns les autres comme des traînées de fantômes innombrables qui somnolent à travers la vie, rêvant d'éternité ce laps d'une minute, peut-être. La Terre ce manège perdu entre deux trous noirs, ce tourniquet enchanté cerclé d'étoiles inconnues qui vont, chacune à leur tour rendre l'écho à la nova magistrale qui les a fait naître. Ce bal incompréhensible aux sillons tracés par les dieux fous.
Le silence c'est ça, ce sont les trous perforés dans les cartes à musique des orgues de barbarie. Ils ont l'air de rien, les trous d'air comme ça, mais si on les mets dans la machine, dans le coeur, les silences, ils en cachent une bonne quantité de cris, de hululements et de tas de piaillements de toutes sortes... Les silences c'est ça, des trous qui restent dans le coeur et qui ne demandent qu'à chanter.
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L'ombre pousse l'ombre, qui pousse l'ombre elle-même jusqu'à la nuit
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Mercredi 10 janvier 2007, vingt-heures et quarante-six minutes
Un petit coup d'armagnac pour le plaisir (qu'on ne se dise pas que je suis un alcoolo, je n'avais même pas bu un verre depuis les fêtes de fin d'année ! )
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Le poète fabrique, à l'insu du monde, la sensibilité.
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Dimanche 7 Janvier 2007, minuit deux
Le problème dans le mal qui m'agite est que je me sens capable de plein de choses, mais je n'y arrive pas. J'ai un sentiment d'incurabilité, comme si ça devait durer toujours. Je ne suis pas satisfait de moi-même. Le soucis est que je n'aime que la perfection, je ne supporte pas de faire une erreur ou une chose à-moitié, alors pour éviter cela, pour contourner, tout simplement, je ne la fais pas. Pourtant, ce fait, cette "ambition castratrice" et dévorante, si elle a été ma faiblesse, peut aussi devenir la plus grande des forces. Elle sera mon désastre ou mon triomphe. Au jour d'aujourd'hui, je la verrais plutôt comme un désastre car, pris dans sa toile, je jette les yeux en arrière et je me rends compte à quel point j'ai pu perdre du temps et de précieuses énergies. Peut-être n'est-il pas trop tard. Par où commencer ? Accepter que les grands rêves en tant que tels n'existent pas, qu'ils ne sont en fait qu'un amoncellement de petits rêves en nuées de nuages. M'abaisser et entreprendre à nouveau les petite marches, même si la pensée (idiote) que ces petites marches ne sont pas dignes de moi car elles ne touchent pas à l'éternité, tant pis, il le faut, reprendre là où je m'étais arrêté. Pour éviter le principe chimique du désastre qui consiste à laisser voir que ma vie ne serait qu'un brouhaha infécond, une somnolence entre deux eaux, une perplexité en forme de piège à loups, avec, comme résultat du doute, l'absence d'éclat et d'apothéose. Peut-être, le goût de l'éternité donne sur le vide.
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Qui me comprendra ? Qui me soutiendra si je tombe, qui, au contraire, s'éloignera ?
Mercredi 3 Janvier 2006 Je m'efforce de penser à l'avenir. Mais il faut reconnaître que parfois ce n'est pas simple et il y a des moments où je perds littéralement pieds. Je n'ai pas eu une enfance particulièrement malheureuse, dans les apparences en tous les cas. Mais au fond je portais et je ne le savais pas encore, quelque chose qui me détruit seulement aujourd'hui / et me construit tout à la fois, oui. Reste à savoir de quelle côté de la corde je vais tomber, la chute ou la "guérison". Ou bien si je vais atteindre l'autre côté, la terre ferme, c'est à dire ni la chute ni la guérison, mais au-delà de ça, les deux à la fois, c'est à dire moi avec mes faiblesses et mes forces équilibrées. Après tout, ce qui ne tue pas rend plus fort et ce qui est une faiblesse aujourd'hui pourrait bien devenir une force un jour, bientôt... Peut-être même aujourd'hui puisqu'il me semble que je me trouve dans une période importante, pendant laquelle je prends conscience de beaucoup de choses. Période de métamorphoses, sans doute. Peut-être que l'égarement est un état que chacun tient en lui plus ou moins mais que moi, par ma nature, je ne suis pas enclin à accepter.
Je me pose des questions que d'aucuns ne se poseraient, vivraient leur petite vie légitime, avec des plus et des moins. Mais dans mon cas, je ne saurais pas m'asseoir et me satisfaire, il me faut toujours foncer tête baissée dant tout, dans l'enfer ou son pendant lumineux. Je mise sur l'avenir plutôt que sur le maintenant, de fait, je joue aux dès ma propre perte à chaque minute dans un voyage intérieur perpétuel, un besoin de métamorphoses insatiable. Je ne m'autorise pas la vie.
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Mardi 2 Janvier 2006
Il en faut peu pour qu'un feu d'artifices ne soit en fait un feu de détresses brouillé Encore une dépression carabinée qui vogue au-dessus, et puis au-dedans de moi. Je dis encore mais c'est toujours la même, en fin de compte, qui va et qui revient. Sans que j'en connaisse véritablement la raison, je crois que c'est tellement large, maintenant, que les raisons ne sont plus trouvables, dans cette confusion environnante. J'ai une situation plutôt confortable, je ne suis pas le dernier des malchanceux et pourtant, voilà. Peut-être faudrait-il que je change quelque chose dans ma vie, mais il me semble que je pourrais être au bout du monde, cela ne changerait pas des masses. Peut-être faudrait-il que je prenne des médicaments, sans doute n'ont-ils pas été inventé pour rien. Ou bien attendre, comme toujours, le court instant où les nuages s'écartent devant la lune, pour un moment passager de tranquillité, quand les fusées de détresse cesse. J'ai envie de tout, et puis je n'ai envie de rien. 2007, encore une année, je ne sais pas sincèrement si je la passerai, celle-là.
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Samedi 23 Décembre
Disque de Lisa gerrard acheté ce matin. Quelle joie de tenir dans les mains un nouvel album de Lisa en solo...
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Jeudi 21 Décembre 2006, vingt-deux heures et seize minutes
Ce soir j'ai regardé un documentaire à propos de tribus indigènes de Colombie, peuple de la forêt nomade, vivant de chasse et de cueillette. Il y a vingt ans encore, ils n'avaient jamais connu de blancs. Depuis 3000 ans en-dehors de toute civilisation, ils vivaient comme dans un rêve, une société calme et douce, pacifique, loin de tout mais près d'eux-mêmes. Mais il y a vingt-ans ils ont rencontré quelques ethnologues, c'est à dire des pilleurs d'inconnu. J'ai vu un un de ces indigènes de promener pour la première fois de sa vie dans une ville, naïf, il regardait les kiosques et les magasins. Il avait flashé sur une casquette. Je l'ai regardé cet étranger dans la civilisation, une étrange sensation de familiarité m'est venue. Je me suis reconnu je crois dans cet homme. Dans cette société, souvent, dans ces villes, je ne me sens pas moins étranger que lui. Moi aussi, il me semble que je me trouve loin des mes terres d'origine et, par là, loin de ma vie. À cette différence près que je ne sais pas vraiment d'où je viens, où se situe ma vraie maison. Alors je me raccroche à la première chose qui me tombe sous la main, aux nuages par exemple.
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Dimanche 17 Décembre 2006, seize heures et vingt-huit minutes
Je me ressource à l'orfèvrerie des comptines lugubres Une goutte d'alcool, puis deux pour remplir la mer intérieure Je tends mon coeur à ce vent pâlissant qui tient son fouet entre ses mains Avec mon âme en corolle dans une paume fébrile, en proie à sa nuit de paupières mouillées Se promener dans la chambre des possibles La lumière a t-elle une odeur particulière ?
hommage à tout ce qui sort de l'ordinaire Les traviolesques, les parapluies déployés de travers
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Samedi 9 Décembre, les parages
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Les icebergs, cathédrales silencieuses de l'hiver (Michaux, de mémoire erratique)
"Prendre la vie comme elle vient". C'est une phrase un peu bêbête à première vue mais qui, peut-être, a sa part de vérité intime. On a dit tant de fois qu'il fallait en passer par la nuit pour trouver le jour, cela paraît si simple. Mais ce sont de simples mots. La réalité, elle, est toujours plus ténébreuse et brumeuse. On a dit aussi, quelque part, que la vie c'était ça, on apprend lentement à faire avec sa douleur. Peut-être. C'est une manière de voir les choses, comme il en existe tant d'autres. Quand on est triste, on peut regarder le soleil et n'y voir qu'un voile noir, un voile de tristesse. Pourtant le soleil, lui, brille toujours autant, il n'a pas changé. C'est notre regard qui a changé
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J'ai rêvé ma vie jusqu'à ce que le rêve s'écroule. L'illusion envolée, avec sa constellation de promesses, je me retrouve seul, avec devant moi un mur lugubre.
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Conte défait. J'ai traqué le lion sur la banquise.
Colorimétrie Cercle Polaire
Le vertige nous vient de nos ancêtres, les singes, ceux-là là-bas, soi-disant nos grands frères, aux fesses peinturlurées. C'est de leur faute, le vertige, eux qui vivaient dans les arbres et qui n'avaient, pour principal prédateur, que le vide. Je suis un mélange de tout ce que j'ai lu. Je n'ai pas de style, je tous les styles à la fois, trop instable par ma nature. Je dois trouver ma stabilité. J'ai cultivé ma propre perdition. Je ne sais plus vraiment qui je suis. C'est que j'ai dû en passer pour devenir quelqu'un le risque, c'est que je devienne personne. Des chiens noirs encore des meutes qui traversent les marées jusqu'au soleil
Un sens puis l'autre, dans l'arrière-cours, où crie la radio. Un périmètre. Chez moi on a toujours deviné, toujours. On n'a jamais rien vu. Je suis la promesse du feu d'artifices, l'or factice sur pattes, le noceur qui n'a jamais connu le nuit. L'homme est bien ennuyé, celui qui perd son mirage... Un être, puis deux, qui passent.
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C'est ici que je ne suis pas. J'ai allumé mille brasiers nocturnes, croyant illuminer le ciel noir. J'ai tout donné, trop tôt. La moitié assourdie d'un rêve. Peut-être.
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Mardi 7 Novembre 2006, minuit et trente minutes
L'inventeur de la poudre aux yeux
J'ai pour vous une recette magique, madame. Prenez une journée, n'importe laquelle. Ça peut-être demain, après votre sommeil. Prenez cette journée comme aucune autre, dans le creux de votre main ainsi qu'une richesse scintillante, tombée de la source d'une nuit passée. Prenez-là, éloignez-là longtemps, à l'abri de nos heures vengeresses. Prenez-là comme un coeur qui palpite, séparez-là de vos autres jours, serrez-là contre vous, avec attention. Demain n'est pas un jour comme un autre car j'aurais décidé d'y déposer un secret, un de ces minces secrets légers comme une plume versatile. Oubliez hier, vous en avez le droit. Mettez demain de côté, il n'est pas encore arrivé et vous aurez bien le temps de le récupérer, à l'heure dîte. C'est maintenant l'heure de la moisson immatérielle et de l'oubli du temps.
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Lettre d'amour sur soleil imprimé
Il avait plu, cette nuit là dans le désert enfoui. Il avait plu mille fois avant que le soleil ne vienne danser dans l'onde. Dans mille coeurs on a deviné l'ensoleillement, allongé sur le sein de l'obscurité. J'en ai fait moi aussi des milliers de tours de manège, pour l'atteindre parfois, ce vertige mouillé qui n'était plus l'incandescence, en attente de quoi ? De ce qui n'était pas venu. Cent extincteurs à incendies ne suffiront pas à éteindre cette flamme éternelle.
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Le temple de la nuit J'ai vu des horizons noirs sans fin
Dimanche 5 octobre 2006, minuit
Par-devers moi J'ai vécu longtemps dans ce mélange bizarre d'avenir et de passé, où rien ne se produit. Je me suis d'abord pensé différent, je l'étais. J'ai voulu croire que je n'étais pas malade, je le suis. Suite à une éducation malheureuse, où la mort et l'échec sont portés en flambeaux. Où je n'étais aimé que lorsque j'étais maladif et mort. Enfant à-moitié désiré, enfant produit d'un amour crépusculaire.
Je vis quand j'écris. J'écris quand je vis.
Le butineur de cathédrales.
Peux-tu me voir quand je cours loin de la vie ? ô ma maladie. Quand en sortirai-je ? Je souhaiterai moi aussi le bonheur, comme moi comme pour toi. Comme je m'en veux de créer tout ce mal. Je suis moi même prisonnier de mon fort intérieur, qui porte si bien son nom. Mais je ferai des efforts. Je les fait dors et déjà, d'ailleurs. Je m'exprimerai tel que je suis, j'ouvrirai les vannes de mon être, ce que je suis, celui que j'ai si peur de montrer. Je vais me réinventer. Je t'en prie, ne m'abandonne pas, car j'ai besoin de toi même si je fais du mal. Garde-moi une place près de ton coeur. J'ai laissé entrer dans ma chambre un sphinx tête de mort ce soir, sphinx réfléchissant, emblème de ma perdition et de mes désastres. Je l'ai laissé se faufiler dans les airs, cet ange versatile, aux ailes poudroyantes. Cet insecte prophétique qui vient annoncer la mort précédente, et la renaissance à venir. |
Vague luisance au creux des choses, plaine des enfants sales. Recouvrements.
J'ai pris le futur dans mes mains, décidé de ne plus l'attendre.
Un matin, je me suis éveillé en sursaut, j'avais surpris le rêve en plein sommeil.
L'aliénation est un droit inaliénable.
Peut-être le plaisir pour le lecteur de lire ce qu'il attendait de lire ou, au contraire, d'être surpris devant l'inattendu. Chacun son stratagème. Pourvu que la recherche du temps perdu ne soit pas une perte de temps, que la chasse au bonheur ne consiste pas à revenir bredouille, que la nouveauté ne soit pas une vieille commode louis XIV repeinte en fluo. Du reste, je pense que le lecteur ne devrait rien savoir ce qu'il se passe dans la salle des machines. Lui, il est sur le pont, la main sur la bastingue, il regarde l'azur et le ciel. Le navire avance, il ne sait rien de la mécanique incroyable qui est la force qui le pousse sur les "gouffres amers", et ça n'a pas d'importance. Celui qui écrit, lui, jette le charbon dans le feu. Il est seul en bas à peindre clandestinement le paysage qui constelle les yeux des voyageurs.
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