JOURNAL
ICI JE SUIS LIBRE De choses et d'autres. |
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Une nouvelle page du journal pour une nouvelle saison.
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La véritable esprit de la religion serait de se dire : si il n'y a rien après la mort, ni punition ni récompense, et que mes croyances étaient fausses, et bien tant pis, je ne le regrette pas. Aussi fausses étaient-elles, elles étaient tout de même valables.
Comment parler en connaissance de cause si je ne sais même pas si le concept d'origine peut être appliqué à l'univers ?
Le calendrier des rendez-vous inattendus.
J'ai travaillé à l'intérieur et la Vie m'a toujours récompensé.
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La poésie à mes yeux est la poursuite d'une ivresse sacrée, d'une unité perdue, pour autant si je ne vais pas chercher la plume, elle ne me prend pas... Il faut alors exercer une sorte de rite pour la mettre en branle, faire marcher les tambours, réveiller l'armée et la musique dans le ventre. Je trouve aussi qu'il est imbécile de dire qu'écrire en vers c'est mal écrire, et la recherche de la forme ne signifie pas forcément tomber dans le classique...
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Ou peut réussir sa vie quand on a placé en état d'infériorité un nombre suffisant d'autres êtres humains, c'est bien le but recherché par une large majorité là dehors, par les métiers, les conversations, les réussites, les belles voitures, les matchs de foot etc. Et la littérature et la poésie, faut-il la faire passer par là ? Par ailleurs d'où vient ce besoin d'être publié (puisqu'on parlait de ça dans le sujet du dessous) recherche d'un statut social, contentement d'égo, justifier une vie médiocre, faire passer un "message", consoler autrui en se disant que personne n'a le monopole de la bouillabaisse ? Gagner un peu d'argent ? Dans une revue, avec des copains ? Mener sa petite vie d'écrivain ? Pour le plaisir de faire quelque chose dans la vie ? Si la poésie n'est pas lue, qu'elle n'intéresse plus le dernier des clampins ? Je suppose que l'impression sur papier n'est qu'un pas supplémentaire, après celui d'écrire sur des forums ou autre. Qu'il n'est pas plus dangereux ni plus sale. Sûrement, il est plus difficile... Il faut traverser le filtre des lecteurs des maisons d'édition. Mais dans quel but ? aucun, ou presque, y aura pas une montagne d'or derrière le rideau... Y aura juste trois papiers, trois critiques nébuleuses à moitié positives / à moitié négatives pour ne pas froisser ni défroisser, et laisser quand même l'impression de faire son boulot, justifier sa petite vie et son petit boulot comme on le fait tous les jours, avec toute l'attention que réclame la naïveté. Comme on le fait bien quand on y met un peu plus de passion, de vérité s'il reste un tout petit de sens à ce mot qui n'a pas été ramassé par les voleurs, les fossoyeurs et les troubadours. Pourtant le monde est trop profondément enfoncé dans la nullité, vacuité, vitesse et confusion, pour que le fait d'être publié puise avoir un quelconque sens pour un auteur qui exprimerait parfois des choses vraies. Cette vérité dans la voix de certains serait tout de suite rejeté sur la bas côté d'un bon coup de pied, ça n'a pas sa place, le monde veut avancer il ne voudrait surtout pas avoir à faire machine arrière ou encore pire, regarder dans le miroir pour de bon… Et si ça venait à passer, ce serait mâché sur le champ, travaillé puis jeté en pâture pour vous faire endosser le rôle du pantin roublard, de l'anti tout, oisif infécond, poétard de service, désuet mais drôle, oh les plumes pleines de couleurs, et qu'on a vite oublié quand sonne l'heure du film du dimanche soir sur TF1. Hé, quoi ! La poésie n'intéresse plus personne ? Que ?
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Si on ne met pas un peu de soi et de son imagination dans le réel, il restera définitivement étranger, et froid.
Parler est souvent la manière bruyante de ne rien dire
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Still life
Mon chien tu n'as pas sommeil Aller vivre là-bas avec les taupes à six rêves sous la terre
J'aime les titres à la Magritte. Amplificateurs de mystères. Révélateurs d'opacité.
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Boules de cristal
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Regarde si on t'oublie
Que tristesse me suive
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Je ne pourrai plus rire une fois le dôme refermé
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Le miracle, c'est ce qu'il reste quand l'habitude s'efface.
Il y a tout au fond de moi une mémoire à accoucher, une montagne a franchir. Je remets sans cesse cet instant à plus tard, comme s'il me fallait reprendre mon souffle, accumuler une énergie immense. Structurer. Je repousse plus loin. Je suis les signes. Parfois au dedans un problème est résolu. Parfois un fragment du soleil apparaît par delà la muraille. Ne voyant plus ces liens à la surface, cela signifie t-il pour autant qu'ils n'existent plus dans les profondeurs de l'océan ?
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J'écris pour moi. Pour moi seul. Je n'ai plus l'espoir de faire partie du monde. Je n'ai plus l'espoir non plus de me faire un nom. Je n'ai pas l'envie d'aller vers ce que d'autres nomment prétentieusement et naïvement l'existence. Je souhaite perdre mon esprit. Je souhaite perdre mon esprit. Pour mon corps, cela viendra plus tard. Je veux me défaire. tant pis si on ne me comprend plus. je ne me comprends plus moi-même, si ça peut rassurer. rassurer qui, au fait ? Je veux être libéré de tout ça. Peu m'importe si on m'écoute ou si l'on se penche sur mon sort. je ne cherche pas le paradis, je n'en ai pas la prétention. je ne cherche pas non plus à être heureux, c'est aussi une prétention idiote. Ce que je veux, c'est être en accord. Rien de plus. Seulement cela. Si simple, si immense, si peu concevable. En accord. Je ne poursuis pas l'existence, car cette existence digne de ce nom est déjà en moi. Elle s'est soulevée à mesure que sombraient mes rêves. Il en va de même de mon amour. Il n'est jamais si fort que lorsque j'ai peur de le perdre. C'est tout. Je veux perdre mon chemin, ou plutôt ce chemin que d'autres ont conduit jusque sous mes pieds. Aller visiter la clairière, le coin sombre. Jamais je ne pourrai anéantir complètement le diktat. Il s'est infiltré définitivement en moi à un âge où je n'étais pas en mesure d'en comprendre la portée trompeuse. Je ne veux pas la poésie, je n'y crois plus. je ne veux pas non plus le soleil car le seul vrai soleil n'est pas visible. je veux m'éteindre, sous une épaisse couche de cendre, pour qu'une partie de moi qui ne m'appartient pas meurt aussi. en gardant quelque part, profondément, un fragile soupire, une graine qui assurera ma renaissance. Je ne veux rien de ce monde, rien d'autre que quelques sons, quelques souvenirs vivaces de moments constellés, incrustés de pierres précieuses. Le seul monde où j'ai vécu est quelque part au fond de moi et je l'emporterai pour le faire vivre, d'une autre manière, dans un autre monde.
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Je me sens perdu, inutile. D'ailleurs c'est, au fond la vérité. Et c'est très bien comme ça, d'être perdu, d'être inutile. Pourquoi le monde me dit-il que ce n'est pas une bonne chose d'être perdu ? d'être triste ? peut-être parce que s'il était triste il tournerait moins vite. Les fondamentaux économiques le supporteraient mal. Le conditionnement est tel qu'il s'insinue à notre insu dans les cellules de notre corps. Exister. Exister. Que le monde tourne ! je me sens perdu, triste, et c'est très bien ainsi. Le monde me dit que ce n'est pas bien ? que je dois prendre quelques médocs, qu'il faut à tout prix aller mieux ? Aller mieux ? Quel est ce désir d'aller mieux qui doit se faire, d'une manière ou d'une autre, aux dépends d'une personne quelque part dans le monde. C'est pour aller mieux que l'homme bousille tout. Qu'il aille au diable. Je veux ma tristesse elle est ma seule promesse de bonheur. Je me dis parfois que la vie pourrait être bien autre chose. Elle pourrait même, peut-être, se rapprocher de ce à quoi elle aspire : elle-même. La vie. où est-elle ? où se cache elle ? Est-elle possible encore, est-elle définitivement enterrée ? les hommes ont ils fini par tuer la vie terrestre à mesure de la mimer, pour leurs besoins sociaux, pour maladroitement tenter de combler son besoin d'exister. D'exister dans les yeux des autres. Je suis dans un hôpital peuplé de fantômes, ils errent sans but d'un couloir à l'autre. Ils sont bruyants. Ils sont nerveux. paniqués. Nous le serions à moins en longeant un abîme les yeux bandés. C'est pourtant bien ce qu'ils font tous les jours, ils courent droit vers la mort avec des rêves plein la tête. Ce n'est pas si simple, je le sais. Je connais la rengaine. Pourtant ce que je sais aussi, c'est que la vie en son coeur, c'est à dire sous sa peau, plus loin sous la chair, elle recèle un secret très simple. Mais à la manière de tous ces passants qui avancent sous le ciel, n'en remarque pas l'existence bien que celui-ci recouvre une très bonne part de leur champ de vision, les hommes ne voient pas l'infime simplicité du monde, recelé sous l'inextricable complexité humaine. Moi même je veux avoir tout au fond de mon âme l'esprit animal, qui me rappellera à la primitive simplicité. Vivre sans penser comme cela peut arriver parfois, c'est peut-être l'ultime sagesse.
Il est devenu obsolète maintenant de savoir bien écrire, de tisser de belles phrases. regardez comme j'en ai rien à faire, les belles phrases, qu'elles aillent au diable avec le reste du monde.
Nulle-part où aller, partout où sombrer. Le mort est tout ce qui me console.
La dépression est à l'origine une réaction saine face à un monde malsain.
Je me sens perdu, inutile. D'ailleurs c'est, au fond la vérité. Et c'est très bien comme ça, d'être perdu, d'être inutile. Pourquoi le monde me dit-il que ce n'est pas une bonne chose d'être perdu ? d'être triste ? peut-être parce que s'il était triste il tournerait moins vite. Les fondamentaux économiques le supporteraient mal. Le conditionnement est tel qu'il s'insinue à notre insu dans les cellules de notre corps. Exister. Exister. Que le monde tourne ! je me sens perdu, triste, et c'est très bien ainsi. Le monde me dit que ce n'est pas bien ? que je dois prendre quelques médocs ? Qu'il aille au diable. Je veux ma tristesse elle est ma seule promesse de bonheur. je me dis parfois que la vie pourrait être bien autre chose
Allez y, cherchez l'existence, puis mourrez sans avoir vécu.
Jeudi 9 Avril 2009, presque minuit
Je lis mes textes et je me dis : est-ce moi qui ai écrit tout cela ? Où est passé celui qui a écrit, est-il vivant peut-être éteint, peut-être ailleurs. Je suis toujours sur le seuil, devant une porte fermée. Malgré le quotidien, les jours désagrègés, malgré le soleil sur la peau, je suis au fond de moi comme dans une pièce qui tremble, noire, sans avenir. Je lance parfois des promesses de futurs comme on jette des pièces dans une fontaine aux souhaits, les heures glissent sur ma fenêtre sale comme si, sans croire que je pourrai vivre mon souhait était désormais la survie, quelques étincelles ça et là. je suis si malheureux tout au fond, personne ne sait, si tu savais. Même moi je ne sais pas, le temps passe si vite, sa vitesse donne l'illusion, le temps rend aveugle, l'habitude s'installe. Je suis si mécontent de moi, je me sens si vide, si désarmé. Si triste. Je suis devant ces lignes comme devant les photos de mon enfance, c'est une autre vie que je regarde, spectateur, cela finira par me tuer, par me prendre tout d'un coup comme ça, au détour d'une rue, passant un peu trop pressé, voir surgir la mort inconsciente toucher l'égaré.
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Bashung C'est un instinctif. Evidemment c'est abscons, dis comme ça, mais savoir se laisser aller parfois à ne pas tout comprendre parfaitement mais se laisser envahir pas la beauté de certaines expressions, trouvailles, singularités. C'est une réaction semblable à celles de Rémy à propos de mes textes, un terre-à-terre qui se plaint des bizarreries d'un rêveur.
Rien dans ce qui n'élève pas l'homme ne compte. Je me suis levé trop vite le vent à pris ma place
Parler des mânes. Les âmes des générations entières humaines qui sommeillent dans nos entrailles. Comment lors des incantations, lors de l'écriture d'un poème, parfois, certaines mânes surgissent dans notre sein, et s'expriment. Ecrire sur cela. Ça a toujours été cela.
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La vie : se faire regretter avant de mourir.
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Oui, je crois que nous cherchons ce "soi" mais pas uniquement en poésie, partout, tout le temps, l'existence est à de rares exceptions près, réduite à cette recherche illusoire, idiote, mais qui peut être belle parfois, il me semble, valable, son on en fait des poèmes, de la musique ou des peintures.
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Dimanche 07 Décembre 2008
Bienvenue.
UNE ÉPAISSE FORÊT
Depuis bien longtemps je n'avais pas vu ce sentiment apparaître en moi. Depuis quelques années, finalement. Les soirées que je passais avec Florian. Ces années je les pensais enfouies, entièrement, dans la terre, dans le passé, ce sentiment étant si vieux que je ne devinais même plus son existence ou sinon, vaguement, comme un être ensommeillé au fond de soi, au bout d'un ces couloirs tortueux qui constellent le labyrinthe intérieur. La présence ici de Lily me fait me souvenir de cela et faît naître de nouveaux paysages. Je lui ai dit déjà et je crois que cette pensée est juste, il me semble détenir, au fond de moi une forêt dont je ne soupçonnais plus l'existence, peuplée de toute la flore et de toute la faune, produits de l'imagination fertile ; mais cette forêt là, qui est une part de ma vitalité, je ne la voyais plus : elle était recouverte d'un voile de nuit. Une lumière s'est inflitrée dans une faille de la nuit, comme une utopie s'infiltre parfois dans une faille de la réalité, éclairant cet espace perdu et lointain ; et tous les animaux, tous les êtres en hibernation qui m'habitent, apercevant cette nouvelle lumière, semble recouvrir tout à coup ce qu'on ose parfois appeler la vie, la vitalité, étincelles, richesses et variété des enchantements. Des couleurs naissantes, des arcs, des pylônes, des architectures. C'est un nouveau matin dans le monde intérieur. C'est une émotion qui n'était pas perdue. Elle avait disparu de mon champ de vision, comme si quelque part, je l'avais enfoui, enterré vivante ; elle avait disparu de mon domaine, comme un cerf qui aurait sauté par-dessus la clôture pour aller retrouver son chez lui, ce nomade dont, à mesure que le temps passe, nous oublions le souvenir et le cuir de la peau. Nous entrons dans une ancienne habitation faîte de bois, dont les occupants sont depuis bien longtemps parti pour un autre voyage, une maison fragile, entourée par la forêt épaisse et continue du temps. Certains arbres se nomment souvenirs et d'autres, plus clairs, vibrants, comme ranimés par la lumière soudaine du matin, tremblent des racines jusqu'à la cîme, touchés par un élément méconnu, le vent, qui n'avait pas soufflé depuis des lustres, guettant le moindre signe, lui qui est allé chercher dans ses cales d'or ses réserves d'air salutaire ; ces autres arbres, disais-je, s'appellent maintenant.
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Le monde dont vous dépendez finira sous la pluie
Au diable les poètes "actuels" ils ont joué aux cons mais ils n'ont pas fait avancer la poésie d'un cheveux quasiment depuis 50 ans. Il y a pourtant tout un territoire à explorer d'émotions et de réinventions. A force de rompre les ponts et de couper les cordons ombilicales ils se sont changés en cosmonautes désarticulés.
En fait, je crois qu'il faut connaître et savoir maîtriser les anciennes formes, afin d'être en mesure de les détruire et de pouvoir les dépasser, c'est à dire, réinventer réellement et non pas seulement patauger dans la mélasse de la poésie contemporaine.
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La forme de la poésie articule la souffrance. Le rythme articule le cœur. Si je suis un peu rouillé, c'est la faute à la pluie.
La poésie comme taper avec sa cuillère sur les conduites du chauffage, voir si les voisins prisonniers eux aussi sont toujours vivants. Toc.... Toc..Toc...... comment allez vous ?
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Dimanche 23 Novembre 2008, quatre heures vingt au matin
Quelque chose m'a tué assez tôt dans la vie, et les événements qui sont apparu par la suite n'ont fait que m'achever. Jamais je ne me suis senti aussi près de la mort. Ce qui est vrai, bien sur, selon toute logique, je n'en ai jamais été aussi proche puisque chaque minute qui s'abat me rapproche d'elle. J'ai tellement conscience de cela que les désirs habituels des hommes sont bien loin de moi. La réussite, vouloir faire ses preuves... Je n'ai pas comme point de repère le commun admis, tout cela m est complètement indifférent. Il me semble avoir déjà vécu. Je suis sans avenir. Je n'ai de plaisirs ni dans l'homme, ni dans les jouissances matérielles de la consommation. Mes amis sont généralement envieux, se comparent, veulent faire leur preuve ou dépensent une grande partie de leur énergie à justifier leur existence. Et les autres ont disparu. Le passé est éteint, le présent se voile et la mort m appelle.
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Je considère la dépression comme une maladie uniquement lorsqu'on se positionne en rapport à la société de compétition et de consommation, celle-là dans laquelle il est interdit d'être triste et malheureux, sous peine de perdre l'amour, son job, ses amis bref, tout. Je dirais que la dépression n'est pas la cause des suicides, d'une manière générale, la véritable cause étant le mode de vie et la folie, la profonde inhumanité et vacuité de ce mode de vie contemporain. C'est là qu'est situé l'ennemi. "Ce ne sont pas les choses qui nous tourmentent, mais l'opinion que nous avons d'elles"
C'est juste, mais comme ça, à vu de nez, j'aurais tendance à penser que les causes des suicides se sont modifiées au fil des âges. Autant la mort est moins présente de manière concrète dans nos vies (pas d'épidémies massives ni de guerres chez nous, de cadavres devant la porte, etc.), autant, il me semble que celle-ci est infiniment plus présente qu'autrefois, infiltrée dans les écrans, dans la pensée et dans les coeurs. On ne se suicidait pas par "écrasement", "étouffement" comme cela peut arriver aujourd'hui. Écrasé par une force invisible, par la course du monde vers le "bonheur". Ce mode de vie me fait penser à un magasin lors de la période des soldes. Les gens s'attroupent à l'entrée, devant le rideau de fer baissé. Lorsque le gardien vient le lever, la cohorte se précipite au-dedans pour être les premiers, pour être les vainqueurs. Je ne parle pas ici de Ludo car je ne me permettrais pas, je ne connais pas son histoire. Les causes de ce malheur me sont inconnues mais sachant qu'il était un poète, je peux tout de même un peu les deviner. Mais bon nombre de suicidés de nos jours sont morts en raison d'assassinats passifs dont nous sommes tous, quelque part, responsables. En répandant la pourriture, la consommation morbide et la mort.
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In power we entrust the love advocated de Dead Can Dance est à mes yeux la plus grande chanson de tous les temps. Et ce, depuis des années cela n'a pas bougé. Je ne crois pas l'avoir mentionné dans mon journal. Si ?
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L'amour est une larme de cocaïne
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Tout ira se perdre tes joues, tes échafaudages
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Là où il n'y a pas d'humanité, il n'y a rien.
Je suis un misanthrope absolu. Ne me fais pas douter.
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On pense parfois que je suis ensuqué. Que j'ai la tête ailleurs. Dans un autre monde. Il est vrai que souvent je semble penser à autre chose. Je ne peux prétendre le contraire. Mais je vois à travers. Je connais bien les artifices de votre peau et de vos membres, je connais bien les intonations de votre voix. Je connais bien les acteurs. Si je donne l'impression de ne pas écouter, c'est que je regarde à travers vox yeux, la vérité que cache la machine bien étudiée de votre être, votre composition, votre profil idéal et votre pantalon soigneusement enfilé le matin même. Je connais bien le jeu grâce auquel vous pouvez prétendre ne montrer que ce que vous désirez montrer. Mais mal, ou bien tombé, car je vois à travers. Je connais les croisements de vos doigts dans l'onde et dans les airs dont vous détestez le hasard de la vie et de la nuit, je crois deviner ce que vous pensez. Et je sais bien au fond que ce dont vous avez besoin et tout le contraire de ce que vous croyez vouloir. Vous pouvez bien appuyer certains mots séparés de vos longues paroles qui tombent de votre bouche comme des fils d'araignée, les lancer sur le bout de votre longue pour qu'ils rebondissent jusque dans le creux de mon oreille je n'en crois pas un mot, je sais que la chambre est vide, qu'il y a quelque chose d'absent au fond du corridor. Il est possible si vous le voulez nous pourrions aller nous promener dans le parc aux fleurs et je devine pourtant bien que c'est tout autre chose qu'un jardin fade et sans lumière que vous désirez les traîneaux les frontispices les musées et les films du dimanche soir. Vous pouvez si vous le désirez me présenter la couleur de votre constellation le pli du papier qui cache le poème la pensée que trahit la sinuosité de votre front, je me doute bien que vos yeux s'éclaircissent à la pensée de renouer avec la vie mais le bain n'est pas encore assez chaud, peut-être l'a-t-on laissé refroidir trop longtemps, peut-être a-t-on trop longtemps fait semblant de chasser les fées avec les mains et que la poussière laissée par les ailes des papillons sur vos paupières ne s'appelle pas mirage mais histoire d'une vie passée à attendre le soleil se lever au-dessus de votre paysage à des millions de kilomètres. Ce n'est pourtant guère plus qu'une illusion. Comme l'est la vie. Je sais bien que vous me devinez.
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Il y a quelque chose de blanc et de bleu pastel qui passait devant l'étoile morte dont nous voyions toujours la lumière, entre les arbres la fée le principe l'électroluminescence, il s'agissait des choses dîtes, la file indienne des coléoptères le cadeau de noël c'était un jour d'été si je me souviens bien nous avions rangé dans un bocal divers papillons, des fleurs des mouches et des cantharides les ailes nacrées étaient jolies elles ressemblaient aux coquillages la paroi saline en moins, c'était h-4 avant l'heure dîte le rendez-vous était fixé entre les linges mouillés dans le coin du jardin où personne ne nous découvrira les traces de nos digitales sur la vitre peu avant l'aurore, pendant que les fruits étaient encore là avant que les oiseaux ne les emportent le déjeuner sur l'herbe dora maar au chat elle se tut discrètement le crayon glissait sur la ligne du dos, une fille nue ôtait ses bijoux posait devant les peintres et les poètes pour un instant réinventer la vie la corde était secrète l'intérieur était fragile les rideaux le catafalque la porcelaine posée sur ses genoux son paradis perdu aux quatre coins du monde partir à l'aventure au fond de l'inconnu pour un trésor qui n'est pas de l'or l'écho d'un piano violet épaississait la lumière où dansaient le bain turc la joie de vivre l'empire des lumières, la vie ça doit bien vouloir dire quelque chose les couleurs jeanne regardant l'aquarium les mains d'elsa recueillement auto-portrait de nuit nous ne sommes pas au monde il est temps, pousser le rideau entrer sur la scène se pincer voir si on est toujours vivants entrouvrir la grille la prison la coquille ramasser les hyacinthes pour en faire des chefs d'oeuvres réinventer le dessin l'écriture parcourir le monde la fourmilière amoureuse remettre en marche le phare poussiéreux en faire un différent de tout le reste, raconter des histoires rendre les autres illisibles le portrait vivant la tempête de sable la réalité le rêve voir si elle n'a pas disparue de la surface du monde un empire de poussière pour héritage du vent des raisons secs le chemin l'illusion la voie lactée l'interstice les constellations la rumeur des foules les sauts lents dans le vide, des perles parmi les billes de plomb du lait dans une nappe de pétrole la réinvention de l'amour du radio-réveil des rendez-vous le matin dans le froid sur la neige, les chemins de la liberté devenir entre les arbres sur les comptoirs la baie de papier les coupes de nuages sans faire semblant le sanctuaire le papier de verre les chevaux, devenir comme si hier nous étions morts nous n'existions pas tirer la ficelle de la lampe vivants le poids des regards en moins, le poids du langage de la mort devenir avant de disparaître vivants comme l'opposé du mouvement du monde où se perdre dans les territoires inexplorés, la cage aux canaris pour voir au travers de la peau la marée haute les papillons la demeure l'océan le château la cour le paysage naître
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Il n'y a rien que je hais plus que la poésie conceptuelle. C'est de la masturbation intellectuelle, du boulot de dactylo. Du vide. C'est fini tout ça. Nous entrons dans une époque où c'est fini toutes ces conneries, on retourne aux basiques, aux fondamentaux. Je ne veux pas dire par là que la poésie est vouée à retourner au vers classique, bien évidemment, mais avec le merdier économique les aiguilles du monde vont pointer vers un autre pôle, vous verrez. La poésie n'a pas encore donné son dernier souffle.
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Il faut connaître Florian (nous sommes amis d'enfance donc je crois commencer à le connaître un peu) pour comprendre ce que signifie chez lui l'idée (récurrente dans ses écrits) de bonheur, il dira si je me trompe. Le bonheur chez lui est à rapprocher d'une sensation de brûlure, plutôt que d'une joie de vivre "pure", fluide et monochrome. C'est au contraire je crois une façon de se libérer de ce dont parlait Blanchot dans la citation que Jean-Michel a posté ici récemment, de la limitation, l'aliénation que tisse le langage, en concentrant dans un même mot l'infinie variété de toutes les formes de jouissance. Chez lui dans le concept de bonheur se mélangent des sensations contraires, de blessures et d'élévations. Parfois je me dis que son travail est, au fond, la quête d'une quiétude orientale, de laquelle le bonheur, comme le malheur qui vient à ses trousses, doivent être exclus. Mais la sensibilité qui l'anime rend inaccessible cette quiétude sur du long terme, il ne la recouvre que par petits bouts épars et saccadés, instants qu'il décrit dans les textes. Sitôt qu'il touche le bonheur, l'inquiétude de la "chute" qui va venir à sa suite, la sensation angoissante de surabondance, de l'excès, reprennent le dessus, l'annulent, et le poussent à se réfugier à nouveau dans la nuit. Comme si, avec le bonheur, naissait la sensation d'être à découvert, sur un terrain miné, avec une nuée d'avions qui passent au-dessus de la tête, lâchant des bombes d'angoisse. Que ferait-on d'un moi sans conflits, si la quiétude, le "bonheur" était définitivement acquis ?
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Samedi 25 Octobre 2008, trois heures et une minute du matin
Raphaël Zacharie de Izarra
Evidemment, il ne faudrait pas qu'il se mette à jouer l'homme de bien qui se prendrait au sérieux pour de bon. Je crois de toute manière qu'il n'est pas bête et ne tombera pas dedans. Il est allé trop loin pour effectuer un tel mouvement de machine arrière. Mais il serait possible de garder le personnage tout en dénouant un peu la torsade de porcelaine, en desserrant le collier de perles. C'est, du moins, ce que je conseillerais, modestement, au talentueux Raphaël. Arrêter de jouer au con et montrer un peu, de temps en temps, qui il est, sa condition, son humanité. S'il arrivait à faire ça, je crois que cela donnerait quelque chose de très grand, comme un nouveau sens à son travail, à ses obsessions. À vrai dire, cette phrase sera peut-être un peu sèche mais je crois que s'il ne suit pas ce conseil sensé, il n'ira pas beaucoup plus loin, dans sa poétique et sa carrière sera comme poussière sur les tapis que l'on remue parfois aux frontispices des mouvements du monde et des fluctuations littéraires virtuelles, au cimetière des fous. Cette posture l'électrise, mais aussi le limite, tout autant qu'elle étonne en premier lieu, draine la lassitude de la monotonie, sa folie, son obscénité le rendent attachant, mais les fissures hystériquement maquillées le rendent inapprochable, cristallisé, ne laissant à son lecteur aucun autre choix que celui de faire de Raphaël son jouet, ne pouvait lui dire la vérité puisque sentant, inconsciemment, l'immense détresse qui passe en filigrane sous ses mots, ayant peur de le briser, ou se disant qu'il est définitivement figé. Jusqu'au jour où quelqu'un ose lui dire au moins une part de cette vérité, ce dont, j'en suis sûr, il désire plus que tout au fond de lui-même, sous le personnage.
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Jeudi 23 Octobre, trois heures et quarante-six minutes
Je ne cesserai pas la poésie. Ce qu'il faut, c'est élargir le médium. Je me sens à l'étroit ces temps-ci dans le verbe. Je veux de la couleur, des lignes. Je regrette d'avoir cessé la peinture pendant tant de temps. Mais, bizarrement, après avoir arrêté si longtemps, il me semble avoir progressé d'une certaine façon. La ligne du dessin reflétant l'esprit, l'esprit lui-même ayant évolué, s'étant élargi, le dessin s'en ressens et ce, même si la main n'a pas beaucoup travaillé. Il me faut m'oublier dans mon travail pour ne pas sombrer comme je l'ai fait ces derniers jours. De la discipline. Du rythme.
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Mercredi 22 Octobre 2008, trois heures et vingt-trois minutes du matin
TOUT OU RIEN
En ce moment je songe fortement à arrêter d'écrire. Je regarde en arrière, ces dernières années j'ai écrit quoi... une cinquantaine de textes, dont trois ou quatre qui sont à peu près corrects, et encore ? Je ne lis plus. La poésie n'est plus vivante en moi. Elle s'est muée en souvenir. Je passe des nuits à écrire des bribes imbuvables, que j'efface aussitôt. Je pense à des romans, à des livres de nouvelles. Non, surtout des romans en fait... Mais je sais que mon esprit n'est pas assez stable, assez vigoureux pour tenir la distance. Je pourrais écrire quoi, peut-être trois ou quatre pages, puis j'aurais vite le sentiment de me répéter, de tourner autour de mon ombre. Je n'ai plus personne à qui écrire. Écrire pour moi-même me dégoûte. Je n'ai aucun goût pour la célébrité ou la reconnaissance. Je n'ai de goût que pour une certaine beauté, idée de la beauté qui a depuis longtemps foutu le camp. Mon esprit, mon imagination, mon envie, s'affaiblissent tous de fait, c'est tout mon être et tout mon corps qui déjà s'affaiblit. Parfois je crois même, et des signes sont peut-être la preuve, que je pourris de l'intérieur. Si on peut se dire qu'il a existé des choses biens en moi, elles ont disparu. Je pourrais bien me consoler en me disant qu'elles sont seulement en attente, endormies, et qu'un beau jour elles se réveilleront, mais sincèrement je n'y crois plus. C'est un fait nouveau, je n'y crois plus, à ce renouveau possible, cette promesse d'aurore. Avec tout ça mes idéaux ont eux-aussi foutu le camp. Je me rends compte que les talents que je croyais détenir n'étaient en fait que des illusions, des mirages, pour me sentir exister, pour me croire quelqu'un. Quelqu'un de différent, de supérieur sans doute. je peux aujourd'hui affirmer sans crainte et même, sans douleur, que je suis supérieur à personne, que je suis un auteur quelconque, comme il en existe des milliers. Comme il en existe aussi des milliers qui sont de loin, bien meilleurs que moi. Je ne suis pas un bon littérateur : la littérature m'ennuie, tout autant que la poésie si celle-ci ne recèle pas la vitalité. J'ai tant donné de coups de fouets dans l'eau, croyant par là pouvoir y faire naître des vagues et des marrées, à la fin mon bras s'est fatigué, la quête est devenue illusoire, pour de bon, ridicule. Vaine. Il n'y a pas de clefs. Pas plus qu'il n'y a de trésors. Et je n'aurais pas la consolation de me dire que j'aurais été un génie, même éphémère.
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J'aurais tant aimé recevoir quelques mots, qui auraient dit que tout n'avait pas été vain. Que les poèmes et les lettres tressées, pour l'édification des coeurs, n'étaient pas lettres mortes. N'étaient pas langue morte. Que le grand poème que nous avions dessiné n'était pas une de ces mosaïques tibétaines, vouées à disparaître, se délier sous les forces lentes du temps et de toutes ses brisures.
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On dit que les koalas sont paresseux. C'est complètement faux et ceci pour deux raisons :
La vie terrestre est plus profonde que mon rêve.
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Ce texte est l'histoire d'une lutte intérieure. Une révolte. Quelqu'un, moi en l'occurrence, mais quelqu'un quand même qu'importe ce quelqu'un ça peut être toi Janus. C'est l'histoire d'une confusion. Quelqu'un est assis au milieu d'un ruisseau, au milieu d'un escalier et qui fait barrage avec ses mains, ses bras et son coeur pour empêcher les jours de s'écouler trop rapidement, pour empêcher les jours d'avancer sans lui quelqu'un qui veut garder ouverts les rideaux malgré qu'il fasse nuit comme pour préparer la venue d'un soleil prochain peu importe s'il ne vient pas, du moment qu'il a d'abord été conçu, ensuite c'est à la vie d'y répondre ou non, le jour venu. C'est quelqu'un qui se dit que la vie c'est peut-être autre chose, peut-être plus que cela et qui refuse comme il le peut avec ses maigres armes la marche lente du monde et du temps sur tout ce qui vit, sur les chiens des rues, les bâtiments en construction les cathédrales.
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Mon amie j'ai entendu raconter parfois que les rayons du soleil fatigués de leur voyage s'endormaient sans mot dire dans les boucles de vos cheveux Et que vos boucles les préservaient loin à l'abri du regard de la nuit
Le serrurier de l'écriture force la parenthèse.
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J'ai choisi le tragique, car il est l'état d'âme qui offre l'horizon le plus large. Il est le plus apte à faire émerger la valeur de la vie, le plus apte à maintenir son ardeur.
On peut mesurer l'humanité et le degré de civilisation d'une société à sa façon dont elle traite ses "vieux".
Si on se rend compte à quel point l'irréalité des êtres joue un rôle plus grand, à l'intérieur de l'esprit imaginatif de l'homme, que leur réalité. Alors, le monde entier et nos vies reposent sur l'impalpable, sur l'imaginé, sur un mélange de songes, de souvenirs, de futurs rêvés, et de présents métamorphosés à la guise se nos sens, de nos émotions, de nos désirs, de nos états d'âme. Le tout, posé dans le tourbillon de l'immense et insondable mystère que sont la vie et la mort.
L'univers est trop profond pour que la mort soit une fin.
Je crois profondément que nous sommes tous complètement fous. Non, je ne veux forcement dire "cliniquement parlant", car il y a sans doute bon nombre de "fous cliniques" qui ne sont pas plus fous que l'ordinaire clampin croisé dans la rue (je ne parle pas là de la folie qui a pour origine une maladie physiologique, c'est une autre chose). Ça n'est pas forcément une folie visible au premier abord, mais une folie si diluée en nous et autour, si ancrée, qu'il est devenu quasi impossible, même avec le plus grand des reculs, de pouvoir l'appréhender dans sa totalité. À vrai dire, l'état de folie est si avancé, que depuis bien longtemps le minimum de raison est devenu invivable. Mais tout ça, c'est une affaire de point de vue. Qu'est-ce que la folie ? C'est n'être pas conforme au commun, au "repère" flou de la "normalité". Et si ce repère, auquel chacun veut se conformer afin de préserver son existence sociale, était lui-même la folie, où serait la folie, où serait la raison ?
Pour ma part je crois que la paix est à différencier du bonheur. Pour ma part j'ai une vision tragique de la vie. Le tragique n'étant pas le pessimisme, si le tragique pour les philosophes signifie la vision lucide de la vie, le pessimisme est la vision sombre et résignée : tout est vain, tout se désagrège. Le plus grand plaisir du pessimiste forcené est de se venger, se venger de la vie, le plus grand plaisir du tragique dyonisiaque est de ressentir un épanouissement, une plénitude de la vie, une surabondance intérieure et extérieure. Si par contre par "aspire au bonheur" tu veux dire qu'il est possible pour lui de l'atteindre, qu'il existe, je suis tout à fait d'accord. Mais si un jour un dieu "bienveillant", ou un génie de la lampe venait me proposer le bonheur définitif, je passerais volontiers mon tour, pour qu'il le donne a quelqu'un qui en aurait plus besoin que moi et surtout, à quelqu'un qui saurait quoi faire de cette chose bizarre...
(au sujet de "Les vivantes")
Jean-Michel, merci pour ta remarque. Je crois pourtant y lire un malentendu fondamental par rapport au texte. D'une certaine manière, c'est comme s'il y avait les gens qui avaient droit à la vie/à l'amour, et les autres, les échus, qui sont voués toutes leur existence à la lie. Voilà, en espérant que cela soit plus clair pour toi, car il ne faut pas être rebuté. C'est un hymne à la différence, à l'étrangeté, un pendant au mouvement universel qui va vers le beau et le sain. La poursuite de l'idéale santé, à l'hygiène parfaite. À tout ce que (que ce soit inconscient ou volontaire) nous fuyons comme la peste, et qui n'est au fond qu'une part de nous-même. Ce "genre de psyché", jean-michel, nous l'avons tous et ce que nous fuyons, ce ne sont jamais les "maladifs", c'est la maladie en nous-même. C'est se voiler la face, pour trouver un confort d'apparat, un illusoire refuge. Nous sommes tous fous. Certains seulement savent mieux faire semblant, savent mieux se convaincre de ne pas l'être.
Vouloir être heureux ne vaut pas le coup, je trouve. C'est une prétention et comme le dit l'expression, le bonheur de quelqu'un fait souvent le malheur d'un autre. Le bonheur est une ancienne lubie issue des contes pour enfants.
Je suis fait pour maintenir la part vivante au fond des êtres.
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Je me méfie souvent de la permissivité en ce qui concerne les "fais à la va-vite" qui mènent à tous les prétextes. L'étiquette ne suffit jamais, de même que le fond parce que qui compte le plus en art c'est la forme. D'ailleurs, les histoires de "fonds" c'est souvent pour les bafouilleurs un prétexte à toutes les nullités. C'est le style qui porte toute oeuvre, le style c'est la pensée mise en lignes. La beauté est un savant mélange, un équilibre d'artifices et d'instincts, et c'est dans la forme que surgit la profondeur d'une oeuvre de même que l'émotion. La forme permet à un auteur de donner naissance a quelque chose qui ne lui appartient plus, c'est à dire tout ce que les lecteurs ou spectateurs veulent bien y mettre dedans.
Ce n'est pas le sujet qui compte, c'est la manière de le rendre. Que ce soit en écriture, en peinture, en piano ou à la chasse aux sauterelles.
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Tant qu'il y a l'élan du coeur. C'est tout ce qui compte.
Je hais tant la répétition, que rien ne me fait plus peur que de réecrire deux fois le même poème, que d'écrire deux fois de la même façon. je veux sans arrêt être un autre, être différent, me trasformer sans fin, mais comme cela est impossible, je préfère le silence. Tous les auteurs devraient en faire autant, préférer le silence aux doublons, à la même rengaine. Il n'y a rien que je crains plus que de tomber dans la même rengaine. Pourtant, à la manière de celui à qui on dirait de ne surtout pas penser à un éléphant rose, de penser à tout sauf à cela, bien évidemment, tombe dans le piège et ne pense plus qu'à cet éléphant rose auquel il ne devrait pas penser, moi aussi, je tombe je le crois, dans la répétition, à mesure que j'ai peur d'y sombrer. Si je n'ai pas gardé toujours la même forme d'écriture, je sais que mes obsessions, mes passions —que d'aucun appellerait mes névroses— étaient et restent sensiblement les mêmes. Ce sont les mêmes flambeaux que je poursuis en rêve—les mêmes allitérations, les mêmes musiques. Je n'ai qu'une image spirituelle à idolâtrer, laquelle reste sensiblement idem. Je n'ai pas mille inspirations ni même mille maîtres. Je suis, pourrait-on dire, comme la terre qui tourne irrémédiablement autour du même astre blanc. Je n'ai qu'un unique Soleil dans tout l'univers qui me tient entre ses mains magnétiques et tout ce que je suis en mesure de faire, c'est le décrire sous tous les angles possibles, le voir de toutes les manières qui soient, sous tous les pôles, à l'aide de toutes sortes de lunettes ou de kaleidoscopes.
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Vendredi 8 Août 2008
Partir à la poursuite du bien être ou du bonheur est déjà en soi une prétention. Chercher la guérison, le paradis, est un orgueil. Ce qui est plus juste et plus grand, je crois, ce n'est pas même de chercher la vérité, c'est ne rien désirer d'autre que d'être l'instrument à travers lequel la nature s'exprime. Ne pas même le désirer d'ailleurs. C'est un abandon total. C'est taire sa propre voix, pour laisser la place à une autre voix qui vient d'un âge plus profond. Parfois, je me rends compte à quel point je ne suis rien, à quel point tout est à la fois dérisoire et beau. Cette pensée me plongeait dans des états de dépression et d'instabilité qui étaient salutaires, finalement. Il faut en passer par là pour finalement comprendre qu'il n'y a rien à comprendre, l'accepter. Il va de soi qu'un mode de vie occidental ordinaire ne permettrait pas ce genre de réflexions, mais je me suis construit, et peut-être aussi ai-je eu de la chance, un petit îlot de solitude, une île sur laquelle je peux penser à l'abri éloigné un tant soit peu du vacarme du monde. Il en existe encore de ces abris, les sirènes du matérialisme n'ont pas encore tout colonisé sur cette terre et même si elles y parvenaient, il resterait toujours quelque part, en nous, solide, en attente, un espace secret, un espace intérieur ancestral dans lequel résonnent, parfois, les voix, les mânes de vitales résonances. Il ne s'agit pas d'un mysticisme new-age ringard, d'illuminations religieuses, ni même de concepts, de théories. Non, rien de tout cela. Il s'agit de quelque chose qui ne demande aucune dénomination, ni description. C'est plus simple qu'un mot ou même qu'une lettre de l'alphabet. C'est quelque chose qui n'a besoin de rien de tout cela pour être justifié.
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C'est quand on n'a plus rien à dire qu'il commence à devenir intéressant d'écrire. Comme il n'y a plus de poésie, j'en cherche le souvenir. Je n'ai plus la prétention d'en créer une nouvelle.
Mercredi 6 Août 2008, quatre heures et cinquante minutes du matin
J'en arrive à la fin de ma vie. Il ne peut en être autrement. Je n'ai, derrière moi, qu'un horizon brûlé, des affres, des tempêtes, des soleils illusoires. Devant moi, il n'y a qu'un grand champ vide, tentatives vaines de troubler l'ennui, de combler le temps qui passe. L'écriture ne me dit plus rien, ni l'envie. A de très rares exceptions près, je sais que ce que j'ai écrit n'a que peu de valeur littéraire. Il y en a tant et tant qui écrivent aussi bien, et même mieux que moi. Je n'ai plus besoin de rien, je n'ai plus rien à chercher. Je n'ai ni besoin de reconnaissance, ni amour du beau, ni amour du travail. L'époque ne me dit rien, les gens ne me disent rien. Je sais que je ne suis que poussière, et que mon départ ne fera pas plus de bruits qu'un petit galet tombé dans une mare. C'est très bien ainsi. Ce ne sont pas que des mots, c'est la simple lucidité, ni triste ni heureuse, mais telle quelle, nue.
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Samedi 2 Août 2008, trois heures du matin et vingt-trois minutes
Lumière d'une étoile morte.
Je ne vois que la folie parmi les hommes. Mais j'admire leur énergie vitale quelque part.
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Mardi 22 Juillet 2008, une heure du matin et vingt-trois minutes
Pour la première fois depuis bien longtemps, je crois que je n'ai plus cette sorte de rancoeur.
J'ai envie de sourire, même si peut-être tu ne me vois plus, ne m'entends plus, ne me lis plus
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De la fenêtre. Chez ma mère.
Mardi 13 Mai 2008
L'heure est à la déroute. Les jours me compriment. Le soleil fond sous le paysage. J'ai l'air absent. Je crois que je le suis. Un fantôme. Avec sa laisse. L'heure est à la perdition. Au néant. À L'esseulé. À l'épuisé.
Grandir, en vrai, c'est cesser de justifier son existence. |
Je suis ceci. Je ne suis rien de plus. Et je peux l'écrire.
Le Nagual est l'être qui rêve de nous à notre insu.
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L'écrivain doit faire un effort pour être compris. Ce n'est pas au lecteur d'effectuer ce travail.
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Mercredi 9 Avril 2008, minuit et cinquante minutes
Je creuse en moi. Je détourne les yeux du ciel et je plonge. Certains soirs je touche une corde de l'instrument, d'autres fois je ne trouve rien. Absolument rien. C'est le risque. Les autres qui cherchent en-dehors pourront toujours se rabattre sur les fleurs. Mais moi je ne les ai pas. Si je n'ai rien, je ne peux pas mentir. Lorsque je fais semblant ça se voit tout de suite. Je n'ai que la musique intermittente, le phare cyclique. C'est la chasse de l'indigène, qui peut revenir bredouille. Alors, je laisse tout derrière moi, mes bagages, mes vêtements, mes yeux. Le monde. C'est un coup de dès. Je ne maîtrise plus mon sort. Je peux atteindre une corde et réveiller les esprits qui dorment, engourdis, dans la forêt intérieure, et lancer la musique. Je peux tout aussi bien y entendre quantité de bruits impossibles à démêler. Il m'arrive parfois d'être littéralement assoiffé et de ne trouver qu'une source fatiguée, dont l'eau ne tombe que goutte à goutte. Un désespoir m'envahit alors quand je pense à la mer d'hier. Mais un matin étrange, quelque chose au fond de nous bougera. Une ancienne déesse immobile, que l'on croyait morte, déplacera une main, ouvrira peut-être les yeux. Alors, les couleurs du monde ne seront plus les mêmes.
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Un auteur inconnu, ou connu mais sans être encore familier, est un amas de roches. Le lecteur se trouve face à lui, face à ce bloc en premier lieu perméable, froid, étrange, et certainement, étranger. Lorsque le lecteur part à la découverte d'un nouvel auteur il palpe la pierre, il passe sa main entre les lignes minérales, il recherche la corde, fil conducteur, fil d'Ariane inversé qui mènerait au coeur du labyrinthe. Il cherche ce fil qui sera le lien magique entre l'auteur et son lecteur. La petite phrase qui le touchera précisément en plein centre et qui lui servira de ticket d'entrée pour accéder à l'univers entier de l'auteur, qui désormais fera sens. Dès lors il tirera sur la corde et l'amas de roche s'effondrera, faisant apparaître à l'air libre les richesses qu'il contenait, les couleurs, les nacres, des faces intérieures irisées que recelaient chaque pierre. Tant que nous sommes pas tombé sur cette phrase, ce passage, cette illumination, un auteur restera pour le lecteur un parfait étranger.
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J'ai eu un peu peur au début quand il parlait de "vrai" auteur.
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Il n'y a pas vérité là où il n'y a pas de rires.
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Si nous parlons de l'éternité qui précède notre naissance, de l'éternité qui suivra notre mort. Si on parle de la vie que mènent ce que nous aimons dans nos imaginations, à leur insu. En attendant, le manège continue, et je vais faire mes courses au franprix.
Les trucs très beaux, bof, je sais pas. Un diamant dans la crasse m'a toujours paru terriblement plus attirant que dans une boîte à bijoux. D'ailleurs j'ai des boîtes à bijoux chez moi, mais je les laisse vides, et pour cause, elles sont bien comme ça voilà tout. Et d'un je n'ai pas l'argent pour m'acheter les bijoux qui vont avec, et de deux... rien, il n'y a pas de deux en fait. "osef de ta life" on va dire. "Tu as l'air de bien te faire chier dans ta vie" diront d'autres. Bref oui, c'est pas faux. Mais ce n'est pas tout à fait vrai non plus. Seulement, il faudrait déjà penser à arrêter de faire de la poésie, si un jour on veut commencer à vraiment en faire. La poésie n'est pas une pute, ou alors une pute de luxe, ça ne suffit pas de lui coller une étiquette pour en faire un ticket de voyage en première classe vers le septième ciel, enrubannée dans son soutien-gorge, la poésie dit non ou alors, si elle dit oui c'est qu'elle se joue de nous et là, on est bernés, raclés, foutus. On commence à pondre des choses pendant qu'elle, elle nous regarde les poings sur les flancs en riant. Elle est jamais là où on veut je crois. On a beau tendre le filet à papillons, là voilà qui a déjà filé son bas dans l'amer. On prend le plus beau satin pour frotter la lampe, mais il n'y a guère de génie qui sort, tout juste peut-être un vers sorti de terre molle, qui se tortille sur le papier imprégné comme un buvard de bave, et les cris de sioux et les haleurs ne guident plus la papillote, nous voilà bien beaux sur la plus belle des plages mais sans poésie qui ne dure que le temps de la minute au sein de laquelle le monde un jour s'est tu.
Quand on comprend à quel point le réel tient peu de place dans la vie d'un être humain, les illusions deviennent un bien aisément acquis, mais chèrement préservé.
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Samedi 8 Mars 2008, une heure du matin et quarante-trois minutes
Aucun sens
Je n'ai plus envie de rien. Il me semble que j'ai tout raté. J'ai trop perdu, trop échoué. J'ai le sentiment d'être un homme dans un puits qui s'accroche comme il peut à des cordes, lesquelles une par une se rompent. Je n'ai plus envie d'écrire car l'écriture, finalement, ne m'aura jamais apporté le bonheur. Je ne crois plus en ses promesses. Vous allez me dire que l'écriture n'est pas là pour ça. Vous auriez raison sans doute. Mais moi, ce n'est pas ce que je m'étais dit. Je n'ai rien à faire là où il n'y a pas de bonheur possible. Je n'ai donc plus rien à faire ici. Il n'y a plus rien à croire là où il n'y a plus de possibilité de bonheur.
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Je me réveillais dans la ville qui ne dort jamais.
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Dimanche 2 Mars 2008
Murmures
Les gens mentent. Ils ont appris très tôt à le faire. Ils ont été gavés, vraiment très tôt, pour fonctionner de cette manière. Par mensonge je n'entends pas le sens habituel de ce mot. Pas un simple mensonge quotidien sur de petites conneries dérisoires. Le mensonge dont je parle est plus large, plus diffus. Il est invisible et cependant il gouverne les vies. Il est partout, nous en sommes à la fois les victimes et les coupables. Il est si présent que nous ne le distinguons pas. Nous ne le voyons pas plus que nous ne voyons nos yeux lorsque nous les utilisons pour voir. Le mensonge dont je parle pourrait ne pas être important, pourrait être un détail de nos existences. Pourtant, il fait d'eux, de nous, des cadavres. Que la violence de ce mot ne masque pas la vérité. L'essentiel passe devant les yeux pendant que nous attardons nos attentions sur le futile, sur la merde en somme, quand nous n'avons le regard tourné continuellement vers le nombril est le geste d'un être perdu qui tente de se retrouver. En attendant, pendant que nous faisons diversion, la vie passe près de nous sans même que nous nous en rendions compte. Certains, qui sont souvent artistes, mélancoliques, gens qui réfléchissent, sentent cela, devinent la perte de quelque chose sans qu'ils puissent mettre le doigt ou mettre un nom sur la chose qu'ils ont perdu en cours de route. Je ne saurais pas non plus y mettre un nom, ou le décrire comme ça, il n'y aurait rien à expliquer là-dessus. Car ce qu'on a perdu, ce ne sont pas des mots, ce ne sont pas même des idées, cela ne peut être appréhendé que par l'instinct, l'émotion, ce sens profond, primitif, qui demeure encore en nous discrètement et qui peut surgir, à la manière d'une étincelle, dans un poème, dans une musique, ou encore dans le langage familier de la nature. Cette voix surgit lorsque le monde se tait. Ce sont des murmures. Nous mentons. Esclaves d'une vision du monde inventée de toute pièce, esclaves de la vision des autres, de ce qu'ils pensent de nous. Nous mentons lorsque nous n'allons pas là où veut aller le coeur. Lorsque nous faisons passer le silence là où il veut parler. Lorsque nous parlons pour masquer son silence.
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J'étais ennuyé, je me disais
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Mardi 25 Février 2007, deux-heures quarante trois du mat
Enfance. Parmi quelques vieilles photos retrouvées.
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Mardi 19 Février 2007, midi et trente-quatre minutes
Le Solitaire
Parfois, lorsque je cesse un instant de vivre au jour le jour et de survoler les heures, lorsque je cesse de ressasser le passé, je pense à mon avenir. C'est une chose à laquelle je songe rarement, qui ne m'est pas naturelle. Non pas que cette idée me fasse réellement peur, non. Je n'ai pas vraiment peur. Je suis plutôt tranquille, confiant. J'ai toujours eu cette confiance, même dans les périodes les plus tourmentées et les plus tristes de mon histoire, j'ai toujours eu au fond de moi une petite voix, la petite voix, abstraite mais claire, enfouie mais intelligible, fragile mais durable, familière... qui me disait, sans mot, uniquement par des souffles réconfortants, qu'il fallait avoir confiance. Qu'il fallait tenir le cap, et préserver le sourire intérieur, toujours. Lorsque je songe à mon avenir je ne pense pas nécessairement à la mort, je ne sais pas quand elle arrivera, demain ou dans 60 ans, elle arrivera le jour où elle devra arriver et je suis prêt déjà. Je ne pense pas à la mort mais je pense à ce que je deviendrai. Je me demande si des gens s'intéresseront à moi encore. Je me demande si je trouverai l'amour, ou bien si celui-ci restera toujours une sorte d'étrange lubie qui n'est pas faîte pour moi. Pas cette forme d'amour là en tout les cas. Peut-être est-ce une porte de sortie illusoire. Ce que j'aime, c'est la liberté et la vérité, j'aime le grand large, les grands paysages, les forêts. J'aime le sentiment de la liberté et l'émotion de la vérité. J'aime les paysages non pas pour fuir le monde, parce que je préfère les paysages à la civilisation, simplement.
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Jeudi 7 Février 2008, sept heures douze du matin
Rédemption
On fait mine d'être heureux pour donner bonne figure. Dans un sursaut d'orgueil. Mais on est seul. On a rien. On est rien.
3 février. Anniversaire de mes 27 ans.
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Quelqu'un aurait dit...
* "ta langue ce poisson rouge dans le bocal de ta voix" est une phrase de Paul Éluard
Chercher à découvrir ce qui se cache sous un anonyme, c'est comme écorcer une orange qui n'est pas encore tout à fait mûre, ou bien qui est mûre mais qui fait semblant de ne pas l'être. Une orange ne sert pas qu'à être mangée, elle peut tout aussi bien servir de modèle à la nature morte, peut servir au bruiteur qui enregistre le son de sa chute. Elle peut sertir de métaphore pour la terre tout aussi bien que pour la cellulite. Par ailleurs elle peut aussi (lorsqu'il ne s'agit pas d'une pomme) aider à découvrir la théorie newtonienne de la gravitation. Bref, lorsque vous rencontrez une orange, réfléchissez à tous les usages que vous pouvez en faire, au lieu de machinalement et précipitamment l'éplucher. Si vous avez rien compris ce que j'ai écrit tant pis, moi même j'ai du mal à me comprendre.
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Lundi 28 Janvier 2008. Mourir et renaître.
Souvent je fais table rase sans pour autant perdre les choses et les gens. Dans un geste positif, non pas dans le but de tout effacer pour repartir à zéro, mais seulement pour faire les choses différement avec ma vie. Renaître au monde. La vie est courte, les instants aussitôt nés se muent en souvenirs, les plus belles minutes sombrent doucement sous le poids des jours. il me prend l'envie parfois de retrouver les gens perdus, les gens que j'ai quitté pour des raisons que l'on explique pas, sinon par le fait qu'on se pense plus importants que nous ne le sommes, toujours. Voilà la clef, nous préférons si souvent le malheur et la solitude, plutôt que de "perdre la face" ou de paraître faible, fragile, ce fantasme idiot, voire dangereux, creuset de la véritable mort dans le coeur des gens, cadavre qu'ils portent en eux-même. Nous ne sommes tellement rien, nous sommes si peu, un cri à peine audible dans l'univers, la moitié d'un grain de sable au milieu des étoiles, nous ne sommes rien et pourtant. Tout ce que l'on a ce sont ces corps, ces voix, ces odeurs, ces sensations, ces atmosphères, les amis, les amours que l'on rencontre le long des jours. Il faut avoir du coeur. Il faut avoir du courage, toujours. Dans le doute, dans la souffrance, la douleur ou l'égarement, il faut tendre la main, il faut oser, il faut montrer ce que l'on ressent, ce que nous sommes. C'est tout. Je suis encore capable de cela, je le sais, j'ai gardé cette part de moi qui ne me fera jamais défaut, car c'est ce que je suis finalement, quelqu'un qui n'est pas grand-chose malgré tout mais qui ne perd pas espoir, quelqu'un qui ne veut pas perdre sa force. Je n'ai pas peur de la mort car je sais au fond de moi que j'ai mérité la mort et la mort, elle se mérite, voilà tout. J'ai encore des choses à dire, j'ai encore des choses à faire, des gens à rencontrer, des gens à illuminer, je suis là pour ça d'une certaine façon et grâce aux quelques talents que j'ai encore, je crois. Les regrets, les rancoeurs sont si minces, si fragiles, à côté du fait que nous ne sommes que des voyageurs éphémères, à côté du fait que le temps passe, que nous mourrons un jour et qu'il ne faut pas perdre les choses les rares choses précieuses que le ciel a posé dans nos mains. Il faut prier, il faut prier très fort. Pour que le sang glacé qui passe dans nos veines puisse se réchauffer à nouveau, pour que, comme toujours le soleil fasse acte de présence dans nos coeurs et dans nos esprits, pour ne pas nager seul dans une mer de douleurs, pour sortir un peu de l'anémie.
Mourir et renaître. Réoxygéner le sang, réapprovisionner l'espoir, redresser les soldats de plomb. Tirer le soleil très haut dans le ciel. Laissé le passé là où il est. Il n'est pas vain de partir à la poursuite du soleil, et ce n'est pas tant la destination finale qui est importante, mais le voyage. Voilà ma pensée, voilà comme je vis et comme je pense. Le temps d'un paradis ancien n'est pas révolu, il n'est pas plus passé que futur, pas plus échec que réussite. L'éternité finalement, nous précède. Et nous succède. Entre ces deux laps d'éternité, il y a nous, la poussière, l'élément fugitif et précieux dont nous sommes faits.
Qu'est-ce que le miracle, sinon un événement très ordinaire ?
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Dimanche 20 Janvier 2008. Ma folie subsiste et avec elle, l'enchantement.
Je ne sais pourquoi, parfois, lorsque je suis dans mon lit et que je ne trouve pas le sommeil, me prend l'envie parfois de me lever, de coucher à nouveau quelques mots sur le papier, comme si je m'adressais aux amis qui me manquent, aux artistes que j'aime, aux écrivains, à ces absents qui peuplent mes pensées. Malgré l'heure, et malgré le fait que je devrai me lever demain matin pour aller travailler, et sous l'infatigable pression de l'heure qui écourte mes phrases, j'ai envie d'écrire quelques mots, d'écouter quelques chansons. De laisser venir en moi quelques pensées brûlantes qui me rappellent la passion. Je vais bien. Je suis mieux dans ma vie. Je suis mieux entouré. Je m'en veux par contre d'écrire si peu souvent. J'ai parfois l'impression de me gâcher moi-même. Dans ces moments-là, lâchement, je repousse les choses dans le tiroir nommé "plus tard". Jusqu'à ce qu'un beau jour le tiroir déborde, et que quelques feuilles retombent sur le présent...
Mes détresses, mes tristesses me manqueraient t-elles ?
Mais ce silence est aussi dû au fait qu'en ce moment, je n'ai pas de muse. J'ai toujours eu une personne en tête pour écrire, personne qui jouait à son insu le rôle de mon inspiratrice, que mon imagination modelait à sa guise, remplaçant les yeux par des étoiles, les cheveux par des coulées d'or. Assez des formes volatiles, des pensées fluides sans corps et sans odeurs, des reflets sans sources, des mains sans visages et des voix sans figures. Il faut que je sois amoureux. Les périodes où je ne suis pas amoureux de quelqu'un sont rares. Ce sont généralement des périodes heureuses. Mais je n'aime pas les périodes heureuses. Je préfère les tourmentées. Les créatrices. Les sombres même s'il le faut, les ténébreuses. J'aime le sang glacé et les idées de morts qui me manquent. Je suis trop bien, je suis trop heureux. Je suis dans un horrible confort. Ma tristesse inhérente me démange, la petite voix frémit son hiver au fond de moi. J'attends qu'une nouvelle muse vienne me réveiller de ma torpeur. J'attends qu'un nouvel esprit vienne à la rencontre du mien. Je cherche, je trouve, pour montrer mon monde intérieur aux yeux qui sauraient me voir, aux oreilles qui sauraient écouter, un cœur qui me comprendrait. Toi qui me lis, me comprends-tu ? Crois-tu me connaître vraiment ? Penses-tu que je sois si simple à comprendre? Mon âme est en chasse. Mon coeur le réclame. Je suis mort et puis je suis revenu. Assez des amours éphémères, sans vrais sentiments, je veux une nouvelle longue et réelle passion, qui soit à la fois physique et intellectuelle. Passion qui puiserait au fond de moi, me pousserait dans mes retranchements et surtout, qui me ferait écrire, c'est à dire, vivre de nourritures qui ne soient pas seulement terrestres. Oh je sais bien que ce ne sont pas des choses qui se commandent et que c'est bien prétentieux de ma part. Je sais que je ne suis pas un homme beau comme d'autres le sont. Pourtant il existe en moi un autre stade de l'amour, plus élevé, réservé à quelques rares esprits que je sens dignes, ces esprits là seuls, je suis enclin à leur ouvrir la porte qui mène à ma demeure intérieure, aux jardins luxuriants de mon âme, à l'océan de tous mes rêves. A ces esprits là seulement je suis enclin à ne pas mentir, à montrer ce que je suis. Ces âmes là je suis prêt à les découvrir, à les ouvrir, à réveiller la poésie en elles, à les révèler à elle-même. Ces esprits n'ont pas peur de l'émotion. Pas plus que de la passion. Ils n'ont pas peur d'aimer et d'être aimés en vrai et sans tricherie. Ce sont des âmes courageuses qui savent que nous n'avons qu'une seule vie et qu'il faut y faire émerger toute la grâce. Les autres ne verront que la surface et ne comprendront jamais. Et se cantonneront à regarder leur petit moi se desceller. Il y a tout l'amour que j'ai crée avec ma poésie et qui demeure en moi. A la fois tigre et papillon prêt à bondir, prêt à brûler ses ailes ou passer sans bruit, discrètement comme un feu sacré scintillant dans une nuit sans limite. Cet esprit et surtout, ce corps, voudra t-il avec moi fuir l'horrible conformité de ce monde, rêver à d'autres possibilités, s'ouvrir à d'autres paysages comme à d'autres manières d'appréhender et de sentir l'univers, à travers ses couleurs multipliées, ses parfums, ses détresses, ses luxuriances. Non, je ne suis pas mort encore, je n'ai pas dit mon dernier mot, je ne suis pas devenu tout à fait insipide et plat. Ma folie subsiste et avec elle, l'enchantement. Mes obsessions maladives, mes fantasmes résonnent toujours heureusement. Je me sens plus poète qu'avant. Je me sens plus créatif, plus large. Tout cela prouve que j'avais raison. J'avais raison sur toute la ligne, depuis le début. Je suis au contraire bien vivant et plus fort maintenant. Je respire et mon coeur, aussi glacé soit-il, frémit toujours à la pensée qu'une flamme prochaine viendra le ranimer. Je suis libre, plus libre qu'avant. Es-tu idole ? Es-tu divinité ? Oui, sans doute, tout mon amour est-il dirigé vers toi à travers ce corps, à travers cette peau ? Idole, divinité que j'admire, n'es-tu pas dans les cheveux, sous les ongles, dans les dents, dans les muscles, dans la voix d'une femme à fois triste et belle ? n'es-tu pas ici, origine du Monde ?
Quand mon cœur enfin se sentira t-il aimé ? Quand viendra ce jour ? Jamais peut-être, si le ciel le décide ainsi. Je chéris cette pensée de toute mon âme, je la remplis de tous mes pleurs, de toutes mes inquiétudes, de toutes mes espérances autrefois détruites, aujourd'hui renaissantes. Et je prie en continue, derrière les journées qui se suivent, les semaines, le temps immense qui me tire lentement vers la fin du voyage et l'éternité, je chéris cette pensée amoureuse sans limite d'un bonheur qui soit à la fois la beauté et l'amour, l'atténuation du chagrin, le lever du soleil. Je serai aimé pour ce que je suis.
Je te garde en moi, trésor, le temps que tu viennes au monde. Je pense à toi, esprit que j'aime et qui existe, coeur en attente de paradis. J'attends de te rencontrer, et quand je te verrai je te reconnaîtrai car je reprendrai vie.
Demain verra naître un jour nouveau.
Lorsque l'on sent que des mots résonnent en nous comme s'ils nous étaient adressés, alors, c'est qu'ils le sont.
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Dimanche 06 Janvier 2007
Certains soirs, alors que tout semble aller pour le mieux, un obscur chagrin monte au-dedans de moi, je pense à des gens que je ne côtoie plus, je pense aux amis que j'ai maintenant, aux autres amis que je n'ai plus, ou qui sont loins. Il y en a certains que j'aimerais revoir, d'autres qui sont devenus trop différents de moi. D'autres encore, que je n'oserai pas recontacter. Ce chagrin, aussi triste soit-il, je l'aime car quelque part, il me rappelle que je suis vivant. C'est malheureux à dire mais c'est dans le puits de la tristesse que l'on puise parfois les émotions les plus profondes, les plus puissantes. À la manière de la lumière qui passe dans l'obscurité, mes plus belles émotions sont issues de ce puits là.
J'ai du mal à dire ce que j'ai envie de dire. J'ai l'émotion mais je n'ai pas le rythme d'écriture, je suis comme endolori. Comme si la muse était gêlée quelque part en hiver, dehors, ou dans un glacier en altitude, dans une caverne, que sais-je, loin du feu en tous les cas, et loin de moi. Je ne sais pas, en fait, si je suis bien ou non, je suis dans une sorte d'état abstrait, un peu en-dehors du monde. Comme j'aime. Je crois que j'ai simplement envie de pleurer.
Je suis un mort qui rêve la vie.
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Jeudi 13 Décembre 2007. Trois heures du matin et cinquante-huit minutes.
Redemption Song
J'étais dans le métro, compressé par la foule comme à l'habitude, près de la porte, la main agrippée à la barre de métal, plongé dans mes pensées incessantes, essayant du mieux que je le pouvais de montrer une assurance, une tenue, un calme apparent, qui cacherait la détresse sommes toutes normale, conséquente au fait de me trouver à ce moment présent dans un lieu de mort, en compagnie des gens qui paraissent si malheureux, si déprimés, si silencieux. Comme dans le tronçon de la mort qui mènerait vers les profondeurs de l'enfer, les personnes indifférentes ne bougent pas, attendent avec le voile secret et moribond de l'absence de vie posé sur les yeux et les visages, quand au contraire elles ne courent pas, on ne sait pour quelles raisons, lorsque l'alarme retentit, se précipitent entre les portes sur le point de se refermer. Vers quoi courent-elles ? par quoi sont-elles poursuivies ces personnes pressées ? J'étais donc comprimé mais près de la porte quand l'alarme stridente sonnait le départ du tronçon de la mort, je regardais vers le sol, assailli par le poids perpétuel de réflexions qui, le plus souvent, me rappellent que je suis triste lorsqu'elles font surgir des pensées trop joyeuses, et me rappellent que je suis triste lorsqu'elles font surgir des pensées tristes. J'aperçu vaguement un manche de guitare devant moi qui ne me fit pas immédiatement réagir, quand une voix se souleva soudainement de la nuit qui semblait m'être adressée " Reculez un peu s'il vous plaît, à moins que vous vouliez chanter en duo avec moi ?". Il souriait et je répondis à son sourire par un autre sourire en correspondance. Cette phrase m'avait fait rire, me toucha. Quelque chose me disait en mon for intérieur que la chanson qu'il allait entonner, je la connaissais déjà, qu'elle me touchait déjà. C'était inévitable. Quelque chose me disait qu'il allait commencer la chanson exacte que j'avais besoin d'entendre. À ce moment les couleurs ternes et la saleté du train avaient déjà passé, l'atmosphère était emplie d'autre chose, d'une autre émotion qui n'était pas le rengaine béate d'une nostalgie chagrine, d'une douleur sourde. Ce serait plutôt le feu sacré d'un espoir qui commencerait à paraître au fond de la nuit et qui aurait pour nom Rédemption. Les fenêtres crasseuses de tous ces doigts, grasses de tous ces fronts, l'air saturé de bruits, de poussières, les tags, toutes ces personnes habillées de manière semblable, des mines ternes, ces gens côte à côte mais seuls, tout cela semblait se modifier, prendre de la couleur comme si, même dans un cimetière survivaient quelques merles chanteurs, quelques arbres bourgeonnants pour renouveler l'air, pour accueillir le vent et les levers du jour, comme si la tristesse n'était finalement pas la seule maîtresse en ce lieu et que près d'elle, dans l'ombre peut-être, cachée, subsistait et chuchotait l'étincelle, prête à ranimer la danse de la vie.
Peut-être que mes yeux ne voyaient que ce qu'ils voulaient voir. Peut-être ce lieu que je voyais morne un instant auparavant, était un lieu triste peut-être mais un lieu qui pouvait aussi être potentiellement beau à travers les contrastes qu'il contenait. Peut-être ne voyais-je que la tristesse de ce lieu, car j'étais triste en moi-même. Un seul soleil est suffisant pour soulever le jour, comme une main est suffisante pour consoler, comme un sourire est suffisant pour transmettre un esprit fraternel. De la même manière un seul poète est suffisant pour faire d'un lieu morne et expirant un lieu étoilé, frissonnant d'émotions. Il chanta de toute son âme, il mis tout son coeur. Le contraste avec l'environnement se fit si émouvant, l'absurdité apparente de la situation, dans ce lieu où toute émotion paraissait impossible, tout ce contraste, ces contraires qui entraient en collision multipliaient l'exaltation. Son chant de liberté résonnait comme un cri d'espoir poussé par une voix au milieu de cette foule qui hurle silencieusement sa douleur, sa frayeur d'exister ici et maintenant. C'était si tragique, si inutile, si dérisoire. Mais si beau. Ne suis-je donc pas tout à fait mort ? Dans ces moments là on se souvient qu'il existe des gens biens. Je repense à cette chanson qu'il avait décidé de chanter pour moi (peut-être est-ce incroyablement orgueilleux de dire cela, pourtant, je sais que c'est vrai), "Redemption Song" de Bob Marley. Ces émanations de ma jeunesse sont remontées pour atteindre les parts sensibles du souvenir. Je me suis tout à coup souvenu d'un tas de choses, d'un tas de moments qui sont venus en moi comme des bobines de film abandonnées quelque part dans le grenier poussiéreux de la mémoire et qu'on retrouve, un jour heureux pendant lequel l'envie nous est soudainement venue de partir explorer notre bienheureux passé. Des boîtes de films avec des étiquettes collées dessus, sur lesquelles on peut lire "Souviens-toi de la liberté, et du bonheur, ce ne sont pas de vains mots", joie, joie qui semble surgir du passé ressuscite, échos d'une ancienne existence emplie de musiques et de rires, maintenant boiteuse, brouillée, mouillée, noire. Je me suis senti bien, je me suis senti plein d'allégresse de de chaleur humaine tout à coup, recevant le don d'une chanson. Qui peut s'attendre, dans un lieu comme le métro qui ressemble, malgré tout, plus à l'enfer qu'au paradis, dans un lieu mort, qui peut s'attendre à tomber tout d'un coup sur une pierre précieuse ?
J'étais peut-être le seul dans la rame du métro, mais j'ai ressenti sa chanson. Pour cela, rien que pour cela, elle n'a pas été perdue. Elle n'a pas été chantée en vain. Peut-être a t-il deviné très vite cette envie au fond de moi. Cette flamme de vie prête à embraser. Lorsque je sors je cherche la vie dans les gens. Je vis dans un monde mort. Qu'il soit noir et mendiant, quelle importance ? Ne sommes-nous pas, chacun de nous, des voyageurs éphémères ? Il a vu dans mes yeux qu'il n'y avait pas de mépris, pas de gêne qui ne soit la timidité, qu'il y avait une reconnaissance pour ce musicien. En sortant du métro je me suis dit que lui et moi nous n'avions pas perdu notre journée. Je ne lui ai pas donné de sous, c'est vrai, mais je lui ai peut-être donné bien plus. Lui donner des sous, à ce moment-là, aurait été comme une impiété à mes yeux, changer une chose immatérielle, valable, en quelque chose de matériel et de vulgaire. Bien sûr, il avait besoin d'argent pour vivre. Mais le vent de liberté qui avait soufflé à ce moment-là en moi me donnait l'envie de brûler tout ce qui ressemblait à l'argent, à la consommation, aux bruits du métro, et d'aller courir, libre, vers un bonheur supérieur, simple et fraternel. De même il m'a donné bien plus qu'une simple chanson criée au fond d'une rame de métro remplie de bruits froids, mécaniques et de yeux vides. Lorsque j'atteins ma destination et que je m'apprête à sortir il remarque aussitôt que je m'en vais, cesse sa chanson pour me lancer un au-revoir rempli de joie, teinté de reconnaissance. J'avais envie simplement de dire "merci", mais les mots tels quels ne sont pas sorti. Mais le sentiment est passé tout de même, je le sais, quand je lui ai répondu de même, un "au-revoir" qui n'était pas mécanique, mais sincère, présent. Désormais, toute ma vie, à chaque fois que j'entendrai cette chanson je repenserai à lui, à ses mots, à son geste. Si simples, si courts. À son sourire. Voilà ce que peut être un sourire, il ne sert à rien, il est pourtant capable de tout. Il peut tout contenir. S'il touche au moment propice, comme s'il était béni des dieux, tombe par magie au centre exact du coeur, il est capable de chasser les nuages. Trois stations de métro seulement. Quelques petits mots. Pour ces quelques minutes qui passeraient inaperçues pour nombre de gens, mais qui en moi pourtant resteront toujours. Quel était son visage ? Les détails commencent à s'effacer déjà mais qu'importe, car j'emporte avec moi l'essence. Je suis moi-même un mendiant qui entonne des chansons de liberté au creux de l'enfer. Je suis lui. Ce sont ces moments là tressés tout au long d'une vie et qui chantent, lesquels réunis tous ensemble en une même chanson, en une même mélodie la joie simple de vivre, de rencontrer pendant le voyage quelques compagnons, que la vie vaut le coup finalement rien que pour ces petites choses. C'est tellement banal de dire ça, cela a été répété tant de fois même dans les plus mièvres histoires et films, mais c'est pourtant si vrai quelque part, si universel, quand la poussière a sombré, quand le sable du temps est passé entre nos doigts il nous reste dans les mains ces pépites, ces pierres précieuses infiniment colorées, seules capables de refléter les rayons sains et clairs d'un soleil fraternel. Le véritable bonheur jamais n'a lieu seul. Il ne peut être que partagé. Merci.
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Mardi 04 Décembre 2007, cinq heures cinquante-cinq du matin.
À cinq heures du matin.
Parfois il m'arrive de m'arrêter un moment dans ma vie, d'effectuer un pas de côté en-dehors de la route, comme si je laissais passer les voitures avec les passants, tous ces gens, comme si je laissais passer le temps... Je cesse un moment de vouloir et d'avancer aveuglément le long de mon existence chaotique. Je prends un immense recul, vraiment immense... On pourra me reprocher beaucoup de choses, mais pas de ne pas savoir prendre du recul sur les gens, sur moi, la vie, le monde... Ne sommes-nous pas, chacun de nous, des somnambules qui avançons à tâtons dans le noir ? Qui peut affirmer, je sais qui je suis, je sais où je vais ? Étrange existence humaine, étrange voyage terrestre, issu de l'infini, s'évanouissant vers l'infini, avec ce laps entre les deux qu'on appelle la vie. Venue de nulle part n'ayant, semble t-il, aucun but distinct. Je m'écarte, je regarde le monde et je vois des gens perdus (les autres faisais mine de ne pas l'être, apprennent très bien à le faire... Comment ne pas se sentir perdu, égaré, noyé sous ce flot de mystères ?), chacun menant sa petite vie qu'il justifie comme il le peut avant d'un jour, retourner finir sa nuit sous un marbre. Mon Dieu, aidez-moi... Les gens me paraissent si vides, si loins d'eux-mêmes. Si dénués de vitalité au fond, si uniformisés. Suis-je envoûté par un maléfice ? Je me sens tellement incompris par chacun, je me sens si différent. Il me semble que je me pose des questions que d'autres ne se posent pas mais qui, à mes yeux, prennent une importance absolument primordiale. Cette époque est misérable. Cette époque est morte. Est-ce le reflet de ma propre déchéance, est-ce moi ce visage moribond, cet odeur de renfermé que je respire partout, dans les rues, jusque chez moi, jusque sous mes draps ? Je n'ai pas réfléchi depuis si longtemps. Je n'ai pas ressenti la poésie depuis si longtemps... J'ai peine à me relire, tant j'ai du mal à y ressentir ce que je veux y ressentir, cette émotion. Émotion humaine... Je cherche une porte de sortie. Je cherche une main secourable. Mais nous venons seuls. Nous partons seuls. Me restent ces pages à gribouiller comme des milliers d'autres écrivailleurs sur internet. Non, je ne suis pas comme ce millier d'autres. Il subsiste toujours, au fond de moi, cette étincelle, cette flamme fragilisée, affaiblie à peine suffisamment vive, peut-être, pour empêcher mon coeur de se changer en un morceau de glace... Il existe toujours cet élément qui fait que je ne suis pas exactement comme les autres. A t-on encore le droit de parler comme ça ? Ou, sitôt que des idées comme celles-là sont posées sur la table, faut-il toujours les tourner en dérision ou, blasés, se dire que c'est comme ça, tant pis, peut-être que c'est vrai oui... Mais en attendant faut que j'aille faire mes courses... L'homme a perdu ses croyances, il a perdu l'idée de la mort. Par là même il a oublié la grâce, le sublime, pour le changer en la monotonie, l'hypnotisme environnant. Il n'y a plus de penseurs ou, du moins, ils sont comme effacés, mis sur le côté, absents des médias.
Ne pas avoir peur des émotions. Voilà la clef...
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La nuit je m'évapore
La nuit je tends l'élastique Je prends et puis je meurs
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Samedi 24 Novembre 2007, vingt-deux heures quarante-quatre
Je suis si mal que je ne peux plus vivre. Je ne comprends pas pourquoi ces choses écrites noires sur blanc ou montrées par des signes clairs ne provoquent aucune réaction, aucun geste, aucun remous même léger. Les autres posent-ils un regard aveugle sur mes mots et mes gestes ? Suis-je transparent ? Je crois qu'ils sont à des milliers d'années-lumières d'imaginer même le centième de ce qu'il se passe au-dedans de moi. Bien sûr, je le cache comme je le peux en existant seul, en coupant tout rapport avec tout le monde, je le cache, par pudeur, mais je laisse des signes, pourtant. Mais toujours, ils ne me voient pas, ou me mettent de côté. Je partirai sans rien dire et sans rien laisser comme je l'ai fait pour mon travail, comme je l'ai fait plusieurs fois dans ma vie. Moi seul sais que j'en suis complètement capable de façon lucide, réfléchie, calme. Je laisse des signes mais vient toujours un moment où le pas est franchi, sans que j'attende qu'ils aient enfin compris. Je laisserai parce qu'il doit en être ainsi ces gens qui n'ont rien compris à ce que je suis, qui n'ont pas voulu me voir ni me connaître, je laisserai bientôt et sans regrets cette époque sans âme, ce monde surpeuplé et pourtant, dénué d'humanité. Cette vie qui est la mienne et qu'au fond je n'aime pas.
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Vendredi 23 Novembre 2007, seize heures cinquante
Je suis parti soudainement de mon boulot avant-hier, très soudainement je le sais bien. Mais cela me trottait dans la tête depuis trop longtemps. J'avais la tête infiniment trop pleine, je ne sais pas si je suis fait pour travailler à plein temps avec quelqu'un, j'ai trop d'activités personnelles que je ne peux pas mettre de côté.
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Mercredi 21 Novembre 2007, dix-huit heures
Rien à faire, j'écoute Amy Winehouse en boucle, je crois que je suis tombé amoureux d'elle :p Celà fait tellement de bien de découvrir une chanteuse "vraie", c'est à dire pas une de toutes ces connasses (ou de tous ces cons au masculin) clonées les unes entres elles qui chantent du surgelé. Non, bien sûr, elle est sans cesse bourrée sur scène, elle chante souvent n'importe quoi, elle articule pas, elle a des tatouages, une crinière sauvage ( :D ), il lui manque même une dent.... Mais c'est justement ça qui est génial. Elle ne cherche pas à se montrer sous son meilleur jour, elle ne joue pas tout sur la beauté plastique. Elle veut seulement être elle-même, telle quelle. Elle met son âme dans ce qu'elle fait, elle ne cache pas ses défauts, ses faiblesses, dans un mélange de force de caractère et de fêlure, de fragilité. Et bien justement, c'est pour tout cela que je l'aime et que pour moi elle est à des années-lumières de la merde qui se fait généralement aujourd'hui dans la musique. Ce sont des gens comme ça que j'aime, des gens passionnées, des gens authentiques. Des gens qui ne mentent pas. Des chanteuses comme ça, cela existe encore ! Cela donne du beaume au coeur. Et bien Amy, je la trouve sublime, et je ne dis pas ça souvent...
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J'ai découvert récemment une chanteuse magnifique du nom de Amy Winehouse. Quelle découverte ! Ces chansons sont ruisselantes d'émotions... Son album back to black est brillant. Et surtout, et c'est qui me touche toujours, elle a une âme... .Et ça se sent.
Amy Winehouse - Back to Black He left no time to regret We only said good-bye with words I go back to us I love you much We only said goodbye with words We only said good-bye with words Black, black, black, black, black, black, black, We only said good-bye with words We only said good-bye with words
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Dimanche 04 Novembre 2007, dix-sept heures et quarante-trois minutes
J'aimerais recommencer les choses différemment. Demain j'arracherai les affiches dans ma chambre. Je changerai les lampes de place. Je visserai des ampoules rouges et bleues. J'achèterai une taie d'oreiller colorée. Je changerai les rideaux. Je mettrai la musique plus fort. Tant pis pour les voisins... Je ferai entrer un peu de lumière dans tout ça, je laisserai le passé là où il est. Avec toutes les erreurs.
J'aimerais tant qu'elle ouvre les yeux. Qu'elle me voit.
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