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Peut-être m'as tu oublié
Peut-être m'as-tu déjà disposé dans un vase
Dans un herbier. Dans un jeu d'échecs. Avec les autres.
Dans le puits à oublis. Dans le cimetière.
Ce truc qu'on appelle mémoire.
Peut-être n'y a-t-il plus de neurones
Dans ton cerveau, toutes réservées à mon souvenir
Peut-être le vin m'a lavé, peut-être
La vodka a viré la crasse
Peut-être qu'à force de tondre la pelouse
J'ai fini par fondre dessous
Peut-être qu'à force de courses
Dans les franprix ou de livres lus
Ou de films vus, de chansons écoutées
De minutes déroulées
J'ai sombré moi
J'ai sombré sous les pages, sous les refrains
Sous les navets
J'ai sombré sous les bruits du monde
Et pourtant tu ne m'oublieras pas de sitôt
Parce que j'ai un dernier truc à dire
Un truc que tu n'as pas encore entendu
Nulle part

 


Jamais
Jamais tu entends ?
Pas même ici
Pas même dans la bouche de ton amant ridicule
Qui ne tient pas une seconde
Un truc dont tu n'as pas idée et que je suis seul à pouvoir te dire
Un truc dont tu n'imagines pas la portée
Ici et maintenant
Maintenant et pour toute la vie
De petits déjeuners et de dîners
De rencontres, de soirées sympas
Et de puces sous les oreillers
D'ébats sous les bougies
Le chien lui même s'en gratte les oreilles de tous ces frissons
Les grand-huits eux-mêmes s'arrêtent en pleine montée
Un truc qu'on trouverait pas sous la feuille du trottoir
Ni dans la poche d'un clochard
Un truc musical un peu je crois
Qui ne ressemble à rien d'autre
C'est ta peau
Que dis-je je m'égare
Ce truc que je veux dire, c'est.... rien
Regarde le lustre de cristal

 


Arrête de dire des conneries
Ce n'est pas grave si les autres racontent des bêtises
La vérité c'est moi pour une minute
Éteins la télé
Coupe le bruit du monde
La vie c'est autre chose
Pour une minute le reste s'efface
Rien d'autre et indiana jones peut bien aller se faire voir
Avec son lasso ringard
Les infos aussi
La miss météo
Et le train-train quotidien de nos vies moyennes
J'ai pas envie de crever de suite
Alors un peu avant je te dirai ceci
Quoi ? j'ai oublié
Ce n'est pas grave, c'est le geste qui compte
Tu peux m'aimer ou me dire d'aller me faire voir
Qu'importe dans les deux cas je suis gagnant
Et dans les deux cas tu m'aimes
Parce que j'ai marqué au fer rouge
Parce qu'à côté ton amant il est ridicule
Il vaut pas un clou
Ridicule ? Presque autant que moi, j'admets
Mais je m'en fous
Parce que dans le chaparral en meutes courent les hyènes
Pendant que le vent

 


Je suis un winner j'ai gagné un billet de loterie
Pour un tour de tamponneuse gratuit
Regarde les, les imbéciles
J'ai une carrosserie dont tu n'as pas idée
Je vais à une vitesse à décorner les bœufs
Je peux même sortir de la piste, partir en tonneaux
J'ai une chance inouïe, une réussite sans nom
Un salaire incroyable
Le feu d'artifices en plein jour
La foire mondiale dans mon coeur
Pour une tour de manège
La liberté c'est le dire
M'entends-tu ? la liberté c'est le dire
La liberté dans les chambres, sur les oreillers blancs
Le bleu-marine avec le gris, la soupe froide, l'oubli du reste, le poème
La chanson douce et le paradis pendant que les étoiles
Ma soumise
Alors arrête le cinéma et reviens au monde
Avec le vin avec la musique avec les films
Avec les courses avec ton travail de tous les jours
Avec les bancs d'école et les grèves, la barque du pêcheur
Les tickets de métro, les cartes oranges
Le linge mouillé sur l'étendoir et la coupelle à cendres
Les mini cactus et le papier toilette jaune mimosa
Les cintres pour tes manteaux chanel et la housse de couette bleue
Les marques de sperme sur ton pull rouge cardinal, les sticks
De rouge à lèvres et ma bouteille de cognac
Ton livre préféré, L'Espagne, l'Indonésie, le Bangladesh, les hespérides
Le firmament
Et tout ce qui tourne autour
C'est tout
Rien d'autre

 

 

 

Mai 2008