CONTRE-JOUR

 


Je n'ai préparé aucun bagage
Je n'ai posé sur les yeux rien
Avant de partir
Je n'ai pensé à rien
À personne
Je me suis laissé emporter
Par un vent inconnu
Sans rien dire
J'ai recherché la solitude absolue
Et je l'ai trouvée
Je n'ai pas de famille
Ni d'amis
Je ne laisse aucune oeuvre
Je n'ai aucune larme
Je n'ai aucun bonheur
Je n'ai ni ambition, ni envie
Ni aversions, ni mépris
Ni croyances
Ni détresses, ni illusions, ni véritables douleurs

J'ai laissé quelques illusions sur le pallier
Quelques vieux papiers griffonnés

Je n'ai plus de preuves à faire
Ni de choses à montrer
Ni d'émotions à soulever
Il ne me reste qu'une lassitude immense

Le vieux chasseur aura eu raison de moi
Et de toute ma vie intérieure
Autrefois luxuriante
Autrefois éternelle
Aujourd'hui dévastée
Sous un soleil implacable
Terre brûlée, saccagée
Réellement

Sans jeu ni postures
Sans verbiages
J'attends que le vent emporte, sans l'attendre
Rien
Rien d'autre qu'un infini blanc

C'était une course folle
Au but inconnu
L'inconnu était la destination
Le terminus
Étrange entreprise
L'errance était le voyage
Le soleil était le guide

Vieil Icare, vieux Sysiphe
Toujours la même rengaine...

On ne sait d'où le mal est venu
On ne sait ce qui a pris l'édifice par le bas
Pour le faire s'effondrer lentement
On ne sait d'où est venue cette obsession du désastre
On ne sait ce qui me tire sans cesse en-dehors du Monde

Demain, dans cent ans, dans mille ans...
Une voix soulevée dans sa nuit, après la lecture :
"Si j'avais su, je l'aurais serré dans mes bras..."

 

 

 

 

Août 2007