Mon histoire enfouie dans un poème.
VOIX Ta bouche en s’ouvrant a provoqué un appel d’air et ce son ! C’est dans ce bruit que je me suis enfoui. Longtemps, à l’abri, comme dans une chambre. Sitôt que le souffle s’était allongé après de moi, et que le crépuscule de son chant s’élevait et se couchait tout à la fois, il fallait le silence infime avant de prendre la respiration et un air nouveau. C’est ailleurs exactement, dans la silencieuse résonance un laps, où j’ai abandonné tous mes gestes, intemporel repos en dehors de moi, l’âme appuyée sur la vitre du monde la buée finissant de se définir devant les lèvres. L’aspiration en elle ininterrompue de tous les fluides vitaux, l’aspirance, de cette vie à chaque fois renouvelée de cet être qui se voit éclore sous la quintessence de l’offrande. L’écho suivit et s’évade lorsque, à nouveau en apogée la langue s’avançait sur le rebord de ses dents. Soudain la compréhension du regard je n’y prêtais pas attention mais je ne pensais plus que dans cette extase perdue, ce timbre obscur caché tout au fond comme la certitude que toute la mélodie existe pour de vrai. -- Tout à l’heure, une infinité de plaies se rencontrèrent
et s’échangent la médecine de son souffle, laboratoire
vermeil des temps perdus. Que mon Idée se fractionne en coloris
influencés d’antiques mystères. Sitôt que je pense il me semble que je peux devenir un peu plus clair et récolter cette persistance égarée sur la peau. C’est le manque qui se libère, l’éclat des cris coloriés qui se plaquent sur un Trésor. Le vaste inexploré que dans le souvenir oublié, tout est écrit, tout est parlé, et il suffit jeté dans l’éventail de l’incompréhension sentir et ne plus penser que par le miroitement appliqué sur le cœur. Se déverser de l’effort de chaque gouffre de pensée, et s’ensuit un mouvement, qui s’élève, libéré par l’écho d’un souhait en geste d’abandon. Le déploiement le plus grave des ailes neuves de toutes déchirures, en prenant naissance. L’enroulement transitoire où se mire toute notre solitude, l’éclaboussure inaltérable, d’un rêve qui se débloque. Le balbutiement, la primitive foudre qui se compose en un équilibre supérieur. En suspend, la chair émanant de chaleur, un jet de flamme la parole rentre en lui.
Elévation nuptiale, tout se devine. Le corps tremblant du mauvais sang qui fuit, authentique le silence ininterrompt, sûre volonté de toute la promesse que je puis ranimer, qui ne disparaître jamais.
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« Ta bouche en s’ouvrant ». Au commencement était le verbe. J’écoutais une voix, ce que j’aime le plus au monde. « Un appel d’air ». Je ne peux lutter contre, c’est même mon unique désir de pénétrer dans cette larme sonore, « ce son », une onde vibratoire qui se propage de ma plume que je ne vois plus bouger, impression physique réellement ressentie, elle se propage un mouvement de l’autour vers l’intérieur, et de l’intérieur vers l’autour. « C’est dans ce bruit que je me suis enfoui ». Voici ma réalité, le déclenchement, l’impact. « Longtemps » je veux y rester, « A
l’abri comme dans une chambre» le refuge, je retrouve mon
unique raison de respirer qui subsiste encore depuis le tout début, « en
sommeil », c’est un réveil, l’extraction
de la Vie à partir de la mort. Il s’agit de s’en emparer
en vol, de repérer les signes de cette marque de Vie, de la restituer.
C’est un instant qu’il faut fixer. Du sommeil, je la sens
s’éveiller « Puis la voix s’est exaltée
vibratoire », j’ai pu abandonner ce qu’il fallait
pour, en état d’abandon, laisser transparaître. Je
me suis vu dans cette Vie, et « soulevé de cette langue »,
les sens se transposent, « la chaleur » est cette
présence qui prend naissance dans « l’humidité » du
corps. Ce n’étaient plus des mots, matière morte,
mais moi qui prenais leur place, « qui voltigeais devant » et
je pouvais voir, « les yeux », emmêlement
des sens, « l’odeur de la peau » qui « faisait
un tout avec la voix ». Le corps se remémore l’existence,
ce que l’esprit à oublié. « Cet être se voit éclore sous la quintessence
de l’offrande », qui ne vit qu’en répandant
sa totalité. Il devient lui et non plus un autre. « Éclore » est
l’image d’une fleur qui devine qu’elle va mourir, et
qui répand alors son parfum dans l’obscurité, que
toute offrande est suivie d’une presque disparition, avant de réapparaître.
Son écho « s’évade », et « s’épanouit ». « Tout à l’heure, une infinité de plaies
se rencontrèrent », ce sont toutes les déchirures
qui se rejoignent en une même origine et « s’échangent »,
l’emploi du présent est volontaire, le temps s’est
dissout dans « les temps perdus ». Le « souffle » est
une « médecine » qui soigne les « plaies ». « Les racines » entrent, percent la surface et
perdurent au fond de nous, « comme un désir » que
chacun murmure. Il y a un mal profond qui se répand et qui « s’éparpille
un peu partout ». Nous construisons et transmettons notre
propre malheur. Nous ne trouvons plus, et nous sommes désespérés. Je me rends à nouveau compte que je suis ailleurs, il reste encore
la trace, non pas dans la mémoire, mais sur la « peau » et
il me faut chercher d’une autre manière.Je veux décrire
cette impression, « le manque qui se libère, l’éclat
des cris colorés qui se plaquent sur un trésor » où toutes
les douleurs qui se sont jointes donnent la forme d’un trésor,
où tout ce qui était incompris devient clair, « le
vaste inexploré que dans le souvenir oublié »,
de tout le savoir qu’il s’agit de récupérer à l’intérieur
et non plus de chercher ailleurs, « tout est écrit,
tout est parlé, et il suffit jeté dans l’éventail
de l’incompréhension sentir et ne plus penser que par le
miroitement appliqué sur le cœur », le cœur,
c’est vers lui que je me dirige, je ne suis rien d’autre.
C’est lorsque nous sommes épuisés, lorsque l’enthousiasme
s’évapore, que nous devenons le plus beau et le plus sincère.
Quand d’autres s’arrêtent au moment où ils ne
se sentent plus capables, ceux qui s’abandonnent commencent à créer
des chefs d’œuvres.
« Se déverser de l’effort de chaque gouffre
de pensée », l’effort de la pensée, de
vouloir comprendre, ne nous rapproche plus mais nous éloignent,
en s’abandonnant il « s’ensuit un mouvement qui
s’élève, libéré par l’écho
d’un souhait en geste d’abandon ». notre peine
nous a fortifié, nous atteignons le vrai soulagement, la vraie
consolation. Depuis le silence, « le déplacement le
plus grave des ailes neuves de toute déchirure ». Dans
la meurtrissure, cette poussière, dans le calme qui suit le requiem,
des ailes se déploient. |