BASCULE

 


J'ai perdu mon arrête. Le coche et puis l'horizon.
L'estramaçon et la languette de la pochette surprise.
J'ai perdu le candélabre et le château terne.
Les chaussons de flanelle, la couverture polaire.
Les piles de la télécommande, le bouton de la radio.
J'ai perdu le coeur et le frontispice. Le balcon aux oiseaux.
Mes clefs, le fil du temps et d'ariane. Les étoiles.
J'ai perdu les raisons et le sens des paroles. Mon couteau de cuisine.
Les féeries. Les nappes bariolées des restaurants.
Mon chemisier brun et mon jeans noir. Le dos de la lisière.

Et comme si c'était tout
J'ai perdu les jetons du manège. La direction du vent.
La source lointaine. La musique et l'hiver caduc.
J'ai perdu le jour et tout ce qui va avec. L'amour.
Le goût des noisettes, le poème. L'envie.
Le jardin enrichi de mon oncle et ma révolte.
La corde de la guitare, l'élasticité des réticences. Ma chance.
Le rire. L'odeur et la variété des fleurs.
J'ai perdu le col de la montagne et les cachotteries. Les lieux.
Les réminiscences. Les piqûres de moustiques. Le tabac et l'habitude.
J'ai perdu le couvercle. Les territoires et puis l'opéra.
Le rayon de lune. La liberté. Le chaos nu des égarements.
L'antérieur et l'intérieur. L'éclosion des collines.
L'à-venir, le décor du théâtre. Le plaisir et le colorant du ciel. Le printemps.
Mais il me reste encore une chose, je crois
C'est fermer les yeux

 

 

 

 

 

Mai 2008

 

 

 

 

 

 

Pour ma part je n'aime pas tant que ça les gâteaux dont la recette a été scrupuleusement respectée, il faut toujours ajouter un truc qui n'a pas été prévu à la base dans le larousse gastronomique, même si le chef n'est pas d'accord. Les fautes c'est pas si grave, c'est comme un grain de beauté sur une peau, et si on les relie toutes par un trait, on peut obtenir la carte (approximative) du ciel de l'hémisphère nord. Ensuite, suffit, si on est vraiment pas content, de retourner le texte pour le placer à l'horizontal, debout comme un soldat de plomb, on obtient à ce moment là, un beau sismographe.