Après l'ombre (Chant d'espoir)


Nous avons connu les ombres.
Nous avons tenté de rompre un lien qui, pourtant, était inaltérable.
Et plus nous avons essayé de le déchirer, plus une voix intérieure
Nous répondait, la voix teintée de douleurs : " Non, c'est elle, c'est lui, c'est personne d'autre.
Il ne peut pas en être autrement ".
Nous avons tout fait pour étouffer cette voix.
La reléguant au domaine des illusions, des mirages, des choses à oublier.
Nous avons connu les doutes, les tourmentes.
Les incompréhensions, les vides. Nous avons failli perdre la raison.
Nous sommes allé voir ailleurs aussi. Chercher dans un autre coeur.
Mais le secret subsistait.

Le temps toujours, nous ramène l'un vers l'autre.
Peut-être ne sommes nous pas prêts. Peut-être que demain, nous le serons.
Peut-être aussi, le sommes nous déjà à notre insu.
Le temps a ses raisons que nous ignorons.
Nous avons connu les pires des fatalités. Les absences. Et la confiance abîmée.
Reflet et masque du manque de confiance en nous-même.
Cette confiance est là, pourtant, totale, en l'autre. Derrière les apparences
Qui nous ensorcellent.
Nous avons voulu, mystérieusement, casser ce qui comptait le plus à nos yeux.
Nous avons refoulé.
Notre rayon de lumière, notre espoir.
Et ce vrai désir à-côté duquel tous les autres désirs paraissent stériles.
Nous avons crû qu'en enterrant la douleur, celle-ci n'existerait plus.
Nous avons tenté de vivre les ailes déchirées.
Loin de nous-même.

Jusqu'à ce que le chagrin, sur nous, pose son voile de nuit.

Pourtant je crois au jour qui se lève. Je crois en cette nouvelle lueur
Qui apparaît sur l'horizon.
Cet horizon préalablement lavé par les ténèbres.
Je sais que la vie est devant moi. Qu'elle est aussi ici, maintenant.
Je sais qu'une étrange fée, cachée, se tient prête à inoculer le bonheur dans notre sang.
Je sais qu'en moi, d'anciens tremblements se soulèvent à nouveau.
Après les tempêtes, les silences interminables,
Après les tourmentes, les refus, les désastres.
Il est toujours là. Ce secret.
Cette flamme sacrée, au fond de nous, discrète mais infiniment présente
Et qui nous maintient liés pour toujours.

 

 

 

26 octobre 2006
Illustration : Alphonse Mucha