Mais quand donc finira cette vie
limitée
C'était une vision perse, sur un lit de saphirs phosphorescents,
sous un ciel d'émeraudes, vue plongeante sur l'univers.
C'était une caverne islandaise, l'oreille collée contre
la caisse de résonance d'un violoncelle désaccordé;
Ou alors, grâce au don de respiration aquatique, foulant le plancher
de l'océan, près d'une épave sous-marine.
Sinon, une course à travers un champ de blé rouge, sous
un soleil bleuâtre sans canicule;
Assis sur un rocher sans solitude, au-dessus d'un torrent, au creux d'une
forêt vierge de toute présence humaine.
Noyé dans un parfum de vanille et de miel, la main posée
sur le sein d'une fille adorée, méditant sur la philosophie
des champs magnétiques;
Une nuit dans l'ombre, de laquelle personne ne pourrait vous voir, contemplant
par une fenêtre, le rideau à demi ouvert, une chambre inconnue
remplie d'existences.
Dans un temps très reculé, et pourtant étrangement
familier, flânant dans les rues d'une ville riche et vaste, tout
en sachant, par une pensée ni malheureuse ni joyeuse, que dans
un autre temps, ces gens n'existent plus, et tout a changé;
Dans une salle de cinéma où il n'y a que vous, voyant avec
émerveillement ce film projeté sur l'écran, images
au charme insoupçonné, c'est votre vie !
Emerveillé de nouveau, comme au premier jour, par un rayon, par
une inflexion de voix inattendue;
Fixant des heures durant, une simple pierre posée sur la paume,
simple mais particulière, elle renfermerait un secret attendu:
Une vision comme au premier jour, où les objets ne seraient plus
inutiles et ennuyeux, le monde, qui ne serait plus une maison de poupées,
un paysage, émerveillé comme au premier jour !
03/06/03
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