Ce sont tes trésors.
Ce sont chacune de tes perles, qui s'entrechoquent, et qui forment ce
son lancinant autour de ton cou. Finalement, tu es la plus petite des
enfants qui jouent sous les ombrages, plus petite que moi encore. Petite
fille au beurre salé. Petite fille qui range les assiettes pour
le pique-nique des parents, qui joue avec les oursins. Connais-tu ma relation
de haine et d'amour ?
C'est la première nuit pour toi hein, première nuit avec
des toiles d'araignées qui font des liens partout sur le plafond
sale. Pas de surprise, c'est ça que tu voulais, tu voulais ce à
quoi tu t'attendais, t'y engouffrer comme une luciole dans une chevelure
immense et noire. Mais moi, je veux te surprendre à chaque seconde.
Où se cachent les arbres brisés, les engelures, les plaines,
où se trouve ce petit coeur craintif et pourtant riche comme l'océan
?
Tue-moi encore avec amour, cette nuit était glorieuse. Je sens
encore les filaments de sels, comme des gouttes qui glissent sur un fil
de soie, ces filaments de sels sont des larmes. Mais des larmes heureuses,
sais-tu...
Pour me connaître, il faut pointer avec le haut de l'iris la partie
sensible et m'utiliser comme on utilise une fille, ainsi que toi, poupée
disloquée dans les ronces, en attente. Connais-tu la boisson faîte
avec des oranges et du miel ? Je ne me souviens plus du nom, j'ai pu en
boire toute la nuit. Elle a 5 ans, comme ton âge mental sans doute,
moi je crois que j'ai 6 ans. Je t'ai dit, prends-moi comme dans un rêve.
J'ai menti, jamais une fille aimante ne pourra me découvrir, car
je n'adore que la froideur hivernale, je n'aime que la glace. Et la solitude,
pareille à celle du cygne qui erre silencieusement sur les flots.
Penses-tu parfois à la solitude ? Ce que j'éprouve est très
proche. Mais je serre, tout de même, parfois, ce filament et je
te respire, je m'envole avec ton odeur. Je suis capable de m'envoler comme
personne.
Nous étions un seul et même corps. Je sais, tu penses que
tu ne m'as pas senti derrière ce vacarme, je suis pourtant là,
ici même.
Je forme bien des plans et des stratégies, je m'emmitoufle dans
les gants humides, tout, pour cacher ce que je veux dire vraiment. Or
on a qu'une seule vie, n'est-ce pas ? La mienne est sur le point de commencer,
je la sens mûrir au fond, je la sens prendre forme derrière
la poitrine.
Car c'est bien là l'endroit important, le seul sans simulations.
Le reste, quelle importance ?
Tu m'aimeras quoi que je puisse dire, je le sais. Je suis lucide dans
l'image que je laisse. Ah ça oui je suis lucide.
Que va t-on devenir ensuite, qui pourra nous émerveiller ? À
moi seul, je ne sais pas si j'en aurai toujours la capacité, toutes
ces heures défilent. Je deviens toxique. Je t'énerverai
encore, je ne m'arrêterai jamais, je t'énerverai encore.
Celui qui t'aime à jamais
29/09/03
Evergreen
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