Qu'est-ce que j'ai fait ? Je ne te vois plus, ne me laisse pas ainsi. Ne referme pas ta porte de cette manière, j'ai encore beaucoup de choses à dire. Je t'en prie, je me sens si triste, décidément, j'aurais fait de nombreuses conneries dans ma vie. Mais te laisser passer, ça, non. Qui ? Et où suis-je ? Jamais celui-ci, jamais un autre. C'est que je change mon visage pour que tu ne te lasses jamais de moi. Où es-tu ? Je ne sais pas ce que tu penses, je ne sais pas ce que tu ressens. J'ai besoin de le savoir. J'ai fait preuve de négligence parfois, mais d'oubli, jamais. Ô non jamais.. Dis-le moi, si tu as un coeur, dis-moi seulement que j'existe encore à l'intérieur de toi, que je n'ai pas encore complètement disparu. Sinon, je n'aurais plus le goût des choses, je me sens tellement minuscule.

Permets-moi de maintenir en veille le feu sacré, de donner un nouveau sens. Tu ne peux pas faire cela, tu ne peux me laisser ainsi, toi, celle qui me ressemble comme aucune autre, pourras-tu sentir les quelques grammes de ce minuscule cœur, entre tes doigts, prends en soin, je veux que tu sois prudente, mon cœur dans tes mains n'est pas un jouet. Comment pourrais-je entendre à nouveau, un beau jour, le son de ta voix ? C'est le monde autour qui s'éteint lentement, nous, nous sommes bien vivants, je veux que tu tournes ces yeux vers le grand avenir, le voici qui nous parle, le voici qui me tire vers toi, ne me laisse pas. Je suis tellement malheureux. Je ne suis rien d'autre, juste un mince filet de voix, seulement un petit souvenir, que toutes les choses mortes reviennent à la vie !

Entends-moi déborder en-dehors de moi-même, dis-moi que le feu danse, que rien n'est perdu. Que toutes ces choses ne disparaissent pas et ne sombrent pas dans les vases de l'oubli. Surtout, ne me laisse pas dans ce silence, je suis celui que tu penses je ne suis pas un autre, mon cœur n'est pas encore définitivement éteint. Une dernière petite étincelle, un dernier ruban rouge comme toutes ces fleurs qu'on jette dans les airs, qui portent ton nom, tes bijoux, je ne veux pas mourir sans t'avoir connu. Il reste à voir encore de nombreux paysages, tu ne peux pas le faire, tu ne peux pas me laisser ainsi, tu l'as déjà fait il y a longtemps, tu es revenue. Ne te laisse pas partir, cette vie est pleine d'incandescences, regarde, prends mes mains si tu as envie de pleurer, on ne vit qu'une seule fois, il ne faut pas attendre qu'elle vienne à nous, il faut aller la chercher, la chercher dans les cieux, dans tous les malheurs, dans tout ce qui nous entoure, rien n'est jamais vain. Tout a un sens, ne te laisse pas partir...

Photographie : Dora Maar
17/02/04

 

Tremblorosa