Le goût des algues

 

Le merveilleux.

Profondeur de l'ivresse, profondeur du champ, dilatation des opercules, piano déplié, mirages amovibles, radars focalisés, joyaux métalliques, rare on air, parfums amers indiens, sans désir, maladie sans thérapie, passion dégonflée, lèvres expansées, mirages indélébiles, faisceau pénétrant, bleu émeraude, frange éconduite, noir saphir, philtre orage, amour tamisé, mousse liquide, siphon affilé, point de vertèbre, issue desserrée, bouquet cendré, intermittente électrode, discrète et devinée, charme débutant, spasme violet, regard flottant, jouissance graduelle, éclat du délice, serpentine évadée, rythmique digitale, circonstance horizontale, île évadée, manquement organique, langue aiguë, accord transitoire, découragée inventive, gorge alexandrine, défaillance instrumentale, définitive nue, modèle presque-éteint, nervure ascendante, âme sentimentale, esthétique foncée, ombre tonale, brillance accentuée, pigmentation séduisante, phalanges allongées, déplaisir étranger, laps mélancolique, temps versé, lumineuses simples, allure algébrique, articulation mentale, étrangeté crépusculaire, lentes nageoires, magnificence du sortilège, dispersion volatile, tresses structurelles, tonnerre mouillé, parfum éclipsé, papier vocal, fusible immatériel, motif surélevé, obscurité contournée, onde échevelée, blancheur de l'oubli, absence artificielle


Dépliage

Dans la profondeur de l'ivresse, dans la profondeur du champ. En attendant de la voir s'engouffrer dans une élocution vibratoire, la voyant fuser de son sein, en pleine dilatation. Eparpillant une après l'autre les opercules, ses lèvres s'écartaient. Soulevé par le piano a son rythme déplié, le résonant fixait les mirages en prenant pour cible ses cheveux amovibles qu'elle faisait danser dans les airs, les deux yeux radars focalisés sur le même point d'échappement, à la limite vertigineuse.
Elle portait des joyaux métalliques alors qu'elle remuait et faisait scintiller les éclairages, rare on air, lançait derrière elle des parfums amers indiens qu'un peuple d'oiseaux venaient atteindre, sans commune mesure avec un désir rendu brûlant par le volcan.


La maladie des sens se voyait à travers la fumée, visage aux grains de laideur sans thérapie.
Pour un nouveau sens liquide, voici ses lèvres expansées de poudre maculée, dans les nouveaux mirages, les empreintes indélébiles qu'elle laisse apparaître sur le miroir. Allongeant sa figure jusqu'à ce faisceau pénétrant de bleu émeraude, sa frange éconduite par la lenteur du vent vient annoncer la teinte de son noir saphir, qu'elle porte juste sous la pomme d'adam, la où les angelots la respire, là où ses petits soleils viennent se confondre avec le philtre des fleurs exotiques, là où l'orage, qui éclate au loin, vient finir sa course.


C'est ici même qu'elle tombait en amour, appuyée sous la lumière tamisée, et je sentais en moi couler une rivière larmoyante, en dessous de la mousse, en dessous du rayon liquide et clair. Les courants y forment un siphon et je tente désespérément de me frayer un chemin dans cette issue desserrée, au fond de laquelle un bouquet jaillissant montre sa tête cendrée, comme une intermittente électrode.
Elle est discrète et pourtant, devinée. Dans son charme c'est encore un magnétisme débutant, c'est un spasme violet qui disparaît, revient, s'atteste où les reflets se regardent. Où les vaisseaux flottants semblent, balancés par une jouissance imperceptible, prendre l'eau des larmes. Elle soulève tout à coup la jouissance graduelle. C'était l'éclat du délice, serpentine évadée, rythmique digitale posée sur une joue, allongée ou debout selon la circonstance, horizontale, apaisée. C'est une île lointaine vers laquelle elle s'est évadé, agissant sous l'empire du manquement, c'est une merveille organique qui déclenche un mouvement de langue, et se contourne, aiguë, avec le goût des algues.


Un appel à l'accord transitoire, découragée mais inventive, sous sa gorge alexandrine se laisse voir une défaillance. Une suspension instrumentale, définitive et nue, un modèle presque-éteint, qui s'ouvre dans sa nervure ascendante, monte jusque là-haut, jusqu'à son âme sentimentale, où l'esthétique foncée et claire, projette une ombre tonale, une brillance accentuée. Voyant se réfléchir sur ses écailles de sirène une pigmentation séduisante, voyant ses phalanges allongées, c'est le rêve du déplaisir qui vient frapper à la porte comme un étranger. On le rejette d'abord, sans pensées, dans un laps mélancolique, puis on s'y agrippe pour tout ce temps versé, il ne reste qu'elle et sa lumineuse simple, son allure à la précision algébrique, son articulation de sphères, sa beauté mentale, son étrangeté crépusculaire. Elle viendra s'éteindre jusqu'au bout de ses doigts qui chantent, ainsi que des lentes nageoires, qui viennent plonger dans mes cheveux, magnificence du sortilège, dispersion volatile des pépites d'or.
Elle module les tresses à sa façon, structurelles, emberlificotées, enroulées, noyées sans le vertige.
J'y vois, moi, le tonnerre mouillé, le parfum éclipsé, la douceur d'un papier vocal, un murmure à peine entendu. Et sa cambrure est un fusible immatériel, qu'il faut disjoncter sur le champ, pour y faire scintiller le motif, le contour surélevé, pour y faire frémir une obscurité et la remettre contournée, en onde échevelée. Blancheur de l'oubli qui se parsème dans le blanc.

 

A mon absence artificielle.