Le ciel implose

 

Tu me fais penser à cette fille que j'ai vu assise sur cette marche en pierre, inondée de désirs de vie, de manques, le regard détourné tout à coup, les yeux pleins de larmes invisibles, tremblants de craintes, tremblante d'une joie trop grande et trop impossible. Le coeur en palpitation, les épaules fragiles. Je me souviens aussi que cette fille assise et inconnue s'impatientait de voir une réaction chez moi. Mais dans mon fort intérieur, pourtant...Tu me fait penser aussi à ce météore qui passe dans le ciel. qui brûle ma rétine avec sa longue chevelure, et qui se retire ensuite en laissant sa trace enracinée.


J'ai dans mes vécus le souvenir d'une reine. Elle seule et son attention suffisait à illuminer en moi tout un monde poétique. Puis elle a disparu de mon champ de vision depuis et je ne la reverrai jamais plus. Comment s'appelait t-elle ? Marion. Sandrine. Mélanie...Qu'importe. Elles surgissent parfois, encore, au milieu de la nuit.


Je me souviens bien qu'à l'époque je n'avais pas eu suffisamment de courage pour délivrer mes sentiments et mes pensées. Cette impuissance a été la cause de tout.
Depuis, toutes les expériences sont devenues fades, avortées. A ce moment précis j'ai vu se déclencher mon introversion. Je n'ai jamais su recouvrir ou traverser l'abîme qui me sépare des autres. Cultivant sans cesse le fantasme de l'absente. C'est un monde de fantômes.

Je consacre ma vie au bonheur de petites choses dérisoires. Je n'ai plus cette prise sur le réel. Je ne sais tout simplement pas quoi faire de moi-même.

 


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Etrangement ils se disent, lorsque parfois je retourne mes yeux vidés, à ne plus bouger, que je palpe mon coeur et ne sens plus qu'un souffle faible et arythmique, que je ne veux plus parler à personne, ils se disent que c'est seulement un passage à vide, alors que je rentre en paralysie.
Elle ne se doutait pas que je ne savais plus rien, que je n'étais déjà plus d'ici. Que je n'avais pas conscience de toutes ces choses. Parfois il n'existe pas de syllabes pour parler de ce que je transporte dans ce sang (trop de beautés impossibles). Mais il suffisait d'un geste pour animer ma raison de vivre. J'éclaire ses yeux d'un éclat jamais vu.

 

19/08/03

 

Le Cocon