Alors il ne reste que l'épaisseur d'une ambiance très noire. Une magnifique crasse. Tu ne sais pas. Parfois, il faut tout un collier de perles brunes afin de mettre en valeur une seule perle blanche. Et parfois tout un chaos, pour accoucher d'une seule ligne centrée. Mais ce chaos, tu ne sais pas. Tu ne sais pas le dénouer, tu n'y plonges pas dans ces eaux troubles, objets rances, flottants, moisissures, perlettes de pétrole. Masturbatives. Nulle part, un horizon. Nulle part un rivage, pour y marcher avec lenteur. Pourquoi ne pas nous y abandonner, dans ces limbes toutes fraîches ? Qui sait si nous n'y trouverons pas quelques volcans, tout au fond de ces abysses, plutôt que ces pétales d'oiseaux tout froissés. Et le sens, le vois-tu ? Percer entre les rayures blanches et les rayures noires, sous la fine pellicule ? Est-ce que la beauté à un sens, pour un coeur blasé ? Es-tu émerveillé, parfois ?

Un puits de cernes pour refléter ton visage. Nul doute, c'est toi qui te fond ainsi, jusqu'au front ! Allons nous donner un sens à ce nulle-part, de part en part emprunter toutes les directions ? Tu tombes dans le piège, à perte de vue. Ô mandarine blanche. Ô ma fécondité, ma sécheresse. Ô Monde blasé. Thèmes inanimés. Ô moi et mon incapacité à réveiller les morts ! Ma petite. Mon écriture sans poivre, sans feuilles de menthe. Epaisseur de l'air, crise féconde, crise de jeunesse, éveil !

Qu'il est lent de se consumer. Dans toute cette matière, dans tous ces voyages. Qu'il est lent le labeur pour toucher la moindre pépite. Qu'il se rapproche, le ciel, que je puisse m'y mouiller à l'intérieur, que je puisse sentir ses deux mains glacées sur mes joues ! Si je sais encore voir le beau. À l'endroit où jamais personne ne s'émerveille de voir, là exactement où je plonge ! Moi je vois un éclair de beauté. Je change mes métaphores et mes feutres, afin de la dessiner. Multicolore ! Et rapide. Celle qui tue, celle qui élève.

Je crois nue la beauté possédée, comme un petit coeur qu'on recouvre d'une coquille, aux sillons tourbillonnants. Ne m'incite pas à m'ensevelir dans mon enveloppe de nacre, incite-moi plutôt à m'éclaircir ! Ainsi qu'une grande fille inconscience que des bras viennent déposer sur le sable, ne me dis pas que je me suis noyé ! Ne me dis pas que je ne suis plus ici. Je t'en prie.

 

"- Où es-tu encore cachée, minuscule poupée ?

- Sous une forêt de cheveux foncés, petite âme."

 

21/10/03

 

 

 

La danseuse