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Rien. Une pause. Qu’un oiseau brutal
s’envole, sorti de la bourbe asphyxiée
de nos jours
Qu’il fasse au ciel comme un cataclysme,
qu’il batte l’ennui de ses ailes
et s’éprenne des fissures de soleil
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Orphée
C’est rien que la vie, ces yeux
énormes qui nous avalent,
rien que la vie, ces pinces
qui déchirent nos cœurs
Nos têtes roulent dans les ronces
de la mémoire, elles se frottent
au ciel et c’est l’ozone bleu qui chante
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Point de vue
Au ciel monte la voile, écorchent
sous l’écorce les silex sans amour
et tournoient les ailerons sournois
Marchons au ciel, sous une pluie
de stalactites, au gré des bourrasques
démentes et des nuages tout-puissants :
faisons de la terre un désastre
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Au nid
Ce ciel assassiné, qui se rétame
en cortège d’albatros
et croule, puissent ses éboulis
de pierres être ma demeure
J’habite au ciel ravagé,
des éthers sur mes étagères,
un lit de plumes, encastré
dans de longues vertèbres,
et quatre piliers d’envol
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Le cheval de Picasso
Tes dents déchirent comme un appel
au diable, ta langue se dresse
vers le cri des guerres,
et m’emporte, me harcèle, me libère
des heures paisibles car ta monture
est l’unique départ
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J’ai parlé au vent, j’ai gueulé
pour qu’il comprenne, sans attendre
de réponse
J’ai observé ses bords que la vague
contient (ses précipices),
et ma pensée, prise de vertige,
cheminait au vent sans dire un mot
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Chirurgie
Au commencement, juste un nerf
sectionné au niveau des tempes.
Et puis l'onde qui ravage, le souffle
qui séduit, les masses qui s'évanouissent.
La langueur file son coton, la vie
est une toile où se meuvent
les pattes des souvenirs.
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Orphée
Je suis la cloison à détruire
sous les coups de mille pioches,
la boule nerveuse qui s'apprête
aux mille feux
Qu'on m'assaille, qu'on me laboure
et me déchire. Qu'un chant voie le jour.
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A la base il y a les puissantes serres
de fer, les crochets mesquins qui versent
le sang et ses raclures
Au-dessus planent les ailes endolories,
l'univers dans un battement et le vertige
qui tombe à pic
L'homme vit entre les deux
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Au creux d'une vie sourde, derrière
le rideau de plomb des rêves
trop lourds, des sons confus se dégagent,
laissant en nous comme une clairière,
une étendue supérieure qui se passe de mots.
On peut toujours la nommer toi qui me fais
lâcher prise.
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Un passant
Le soleil assassin a séché mes rêves,
la nuit meurtrière les a étouffés sous
sa masse
Tout est perdu. J'ai craché mon dernier
secret sur le trottoir morne, et j'avance
péniblement
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Olanzapine
Cherche à midi sur la croupe des diables,
derrière la peine noire des passants
qui vont
Cherche au coeur de l'asile la poudre
blanche de l'espoir, les lignes
oxygénées d'un ciel qui se compose
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Orphée
C'est fini l'orage, les gouffres
qu'ensorcelle une nuit interminable
Je chavire sur la seconde douce,
les obstacles fondent au soleil
vainqueur, les murs tombent en ruine
sous la pioche du bonheur
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Ivre
L'ivresse, toujours les jours
s'écoulent et mon bassin fuit
son immense amour
Ivre de ces courants qu'une graine
alcoolise et qui germe dans mon esprit
comme un déluge
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© Florian T. |